sábado, 2 de enero de 2010

Le travail de recherche réalisé pendant le cours de la philosophie du langage

PLAN

Vie et œuvres
Introduction

I. Les jeux du langage
I.1. La notion du jeu de langage
I.2. Le parler du langage
I.3. Le langage comme instrument

II. La communication
II.1. La notion de la communication
II.2. Le pouvoir du langage

III. Evaluation critique
III.1. Mérites de la pensée de L. Wittgenstein
III.2. Limites de la pensée de L. Wittgenstein

Conclusion
VIE ET ŒUVRES DE Ludwig Wittgenstein

Ludwig Wittgenstein naquit à Vienne en 1889 dans une famille de la grande bourgeoisie. Ses grands parents paternels étaient d’origine juive et sont venus s’installer en Autriche – Hongrie, après s’être convertis au protestantisme. Sa mère par contre était catholique. Ce qui donnera à notre auteur l’opportunité d’être baptisé chez les catholiques. Ses deux parents étaient musiciens et tous leurs enfants étaient doués artistiquement et intellectuellement.
Jusqu’en 1903 L. Wittgenstein fut scolarisé à domicile et c’est ainsi qu’il commença dans une école orientée vers les disciplines techniques. En 1906, il entama des études d’ingénieur en mécanique à Berlin et en 1908, il partit à l’Université de Manchester pour obtenir son doctorat.
Logicien et philosophe anglais d’origine autrichienne, L. Wittgenstein fut d’abord influencé par Frege et Russell mais il prendra ses distances dans une seconde étape de sa pensée. Il a contribué à constituer la philosophie anglo-saxonne du langage et à la centrer sur l’analyse des « pseudo- problèmes ».
En 1913, l’auteur se retira dans une cabane située dans une montagne reculée de Norvège. Cet exil volontaire lui permit de se consacrer entièrement à sa recherche et il dira plus tard de cet épisode qu’il fut l’une des périodes les plus passionnées et les productives de son existence. Il rédigea un texte fondateur de la logique intitulé Logik et dont sera tiré le célèbre ouvrage Tractatus logico – philosophicus. En 1914, il s’engagea dans l’armée autrichienne et se fit instituteur en Autriche en 1920. En 1929, il exerça le métier d’aide-jardinier d’un monastère et d’architecte.

De 1936 à 1937, L. Wittgenstein vécut à nouveau en Norvège et y travailla sur les « Investigations philosophiques. » Il écrivit également une série de « Confessions » à des amis proches. En 1939, il fut considéré comme un
génie de la philosophie et obtint la chaire de philosophie de Cambridge. Il acquit la nationalité britannique dans la foulée.
La plupart des travaux de L. Wittgenstein ont été écrits dans l’isolement de la campagne sur la côte ouest de l’Irlande. Il avait rédigé l’essentiel de ce qui sera publié après sa mort sous le titre de Philosophische Unterschungen, les Investigations philosophiques, quand on lui diagnostiqua un cancer de la prostate en 1949. Cet ouvrage demeure la part la plus importante de son œuvre. Il passa deux dernières années de sa vie entre Vienne, Oxford et Cambridge. Le travail de cette époque fut inspiré par les conversations qu’il tint avec son ami et ancien étudiant Norman Malcolm et fut publié après la mort de l’auteur. L. Wittgenstein mourut à Cambridge en 1951, quelques jours avant que ses amis ne viennent lui rendre un dernier hommage.

















Introduction

L. Wittgenstein comprend le langage comme un jeu dans le sens qu’il fait partie de l’activité de la vie humaine. Ainsi, faut-il des règles pour régir le jeu. L’auteur fait un retour à la vie qui a pour rôle de clarifier le langage. Il y a une diversité de jeux de langage car à chaque forme de vie correspond un jeu de langage. Cela signifie que la façon d’utiliser le langage dans une perspective et selon certaines règles détermine le sens du mot. L’individu sera à même d’obéir à la règle que lui présente le jeu.

En outre, pour L. Wittgenstein, même dans le cas où le langage ne peut vouloir signifier rien de précis et de défini, il remplit toujours sa fonction de moyen de communication. En effet, ce n’est pas uniquement par le langage parlé que l’individu peut communiquer mais aussi par le biais de notre capacité logique de mettre en forme nos idées de manière sémantique structurée. Dans cette perspective, L. Wittgenstein considère le langage comme un instrument de la pensée. Grâce à lui, l’homme peut exprimer ses idées. Mais alors, peut-on dire que le langage n’est qu’un instrument de communication et d’expression? Ou a-t-il aussi le pouvoir de révéler d’autres réalités ? L’intention de l’auteur était de révéler la faiblesse de l’homme qui est habitué à la communication par la parole dans ses relations interpersonnelles.

Pour aborder cette thématique, notre travail sera réparti en trois axes. Dans le premier, il sera question du jeu de langage qui est un concept phare de la philosophie de L. Wittgenstein. Dans la seconde, nous parlerons de l’analyse du langage. Et en dernier lieu, nous ferons une évaluation critique qui nous conduira à souligner les mérites de ce qu’a apporté L. Wittgenstein dans le domaine du langage ainsi que ses limites. A la suite de cet apport critique, nous serons à même de conclure notre travail.
I. Les jeux du langage

Le langage est conçu par L. Wittgenstein comme « une caisse à outils contenant marteau, ciseau, allumettes, clous, vis et colle. Ce n’est pas par hasard que toutes ces choses ont été mises ensembles mais il y a des différences importantes entre les différents outils ».[1] La langue par contre, « est un instrument de communication propre à une communauté humaine ; une langue étant un ensemble institué, et stable, de symboles verbaux ou écrits propres à un corps social, et susceptibles d’être bien ou mal traduits dans une autre langue ».[2]

En outre, le langage diverge de la parole qui « est l’acte individuel par lequel s’exerce la fonction linguistique ».[3] Le langage est ainsi le propre de l’homme du fait que celui-ci, étant un animal politique, doit communiquer et exprimer ses idées à ses semblables. De ce fait, le langage est un fait social que l’homme est censé apprendre.

La conception du langage comme activité humaine conduit L. Wittgenstein à introduire la notion de jeu de langage car il compare le langage à un jeu où les joueurs pour gagner doivent se conformer à la règle qu’exige celui-ci.






I.1. La notion du jeu de langage

Les jeux de langage sont enregistrés dans la seconde philosophie de Wittgenstein. Ce dernier s’intéresse désormais à un usage du langage qui ne consiste pas à montrer des choses, mais à produire de multiples actions.

Le jeu de langage occupant une place considérable dans la philosophie de Wittgenstein, il est difficile pour l’auteur de s’attarder sur une définition précise. Il ne s’agit pas d’enfermer le langage dans une définition quelconque parce qu’il fait partie de l’activité humaine. C’est ainsi qu’il dira que « le mot de jeu de langage doit faire ressortir ici que le parler du langage fait partie d’une activité ou d’une forme de vie ».[4] D’où il n’existe pas une forme unique de jeu mais une multiplicité qui n’est ni stable ni donnée une fois pour toutes car les jeux se renouvellent en jouant et certains disparaissent et d’autres finissent oubliés. Bref, les jeux du langage consistent à
donner des ordres et y obéir ; poser des questions et y répondre ; décrire un événement, inventer une histoire ; raconter une blague ; décrire une expérience immédiate ; faire des conjectures sur des événements du monde physique ; faire des hypothèses et des théories scientifiques ; saluer quelqu’un ; etc. [5]
Ces différentes actions sont pratiquées par les êtres humains et non par les animaux car ces derniers ne parlent pas. Il leur manque la faculté intellectuelle. Autant il existe une multiplicité des jeux de langage, autant il existe une multiplicité de règles. Par conséquent, il faut appliquer la règle à chaque jeu. Le jeu de langage sera ainsi une question de règles, d’apprentissage et d’utilisation de règles. Wittgenstein considère la règle comme « un poteau indicateur ».[6] Donc, il faut être à même de maîtriser la règle car elle est le processus d’orientation du jeu. L’apprentissage des règles conduit à un jugement plus affiné. Et l’auteur de dire
« Des rôles différents dans le jeu se jouent selon une règle déterminée. La règle peut être une règle dans l’enseignement du jeu. On la communique à celui qui apprend à jouer et qui s’exerce à l’appliquer […] on apprend le jeu en observant la manière dont d’autres jouent ».[7]

Wittgenstein s’insurge contre le langage privé par le fait qu’à partir d’un jeu de langage les autres aussi peuvent apprendre et construire d’autres jeux à partir du jeu vu. Et par défaut, cette forme de langage est incommunicable car le code est insaisissable par l’auditeur.

A la différence des animaux dont le langage est inné, celui de l’homme est acquis. Par conséquent, il doit être appris. Il faudra ainsi envisager son apprentissage. A ce propos, Wittgenstein déclare « qui décrit l’apprentissage du langage pense, du moins je le crois, […] à des substantifs tels que table, chaise, pain, aux noms et en second lieu aux noms de certaines activités et de certaines propriétés et aux autres sortes des mots » [8]. C’est le cas par exemple du langage primitif où l’enfant apprend à parler sa langue maternelle. L’enseignement du langage ici ne fait pas appel à l’explication, mais consiste en un entraînement. Car l’enseignant en même temps qu’il montre l’objet prononce le mot qui est en rapport avec l’objet. Un tel enseignement chez Wittgenstein se nomme « enseignement démonstratif des mots ».

Le langage primitif fait partie aussi du jeu de langage car celui qui apprend doit nommer et montrer l’objet. Il exécute l’ordre que lui donne son enseignant. Pour l’auteur « dénommer quelque chose est analogue au fait d’attacher l’étiquette[9] d’un nom à une chose. C’est la préparation à l’usage d’un mot » : l’usage des mots, de la phrase et ainsi de la proposition font partie du jeu de langage. Ces choses servent à exprimer la pensée. C’est ainsi que l’auteur considère le langage comme un « labyrinthe de chemin ». Certes confondre un jeu de langage avec un autre entraîne des malentendus.

I. 2. Le parler du langage

L’homme en tant qu’être social est obligé de se servir du langage pour entrer en relation avec autrui car « on ne peut dire quelque chose si l’on n’a pas appris à parler. Donc, qui veut dire quelque chose doit aussi posséder une langue ; et pourtant il est clair que le fait de vouloir parler ne l’oblige pas à parler ».[10] Mais aussi, il faudra savoir qu’il n’y a pas de raison unique qui pousse l’homme à parler par le fait que « le langage est un élément caractéristique d’un vaste groupe d’activités ».[11]

En effet, d’une part, la langue permet d’exprimer ses idées et de se faire comprendre par les autres. Pour nous faire comprendre par autrui et éviter des malentendus, il faut qu’il y ait de la logique dans ce que nous disons. Pour cela, la phrase doit être ordonnée avec une expression exacte. D’où l’importance des règles linguistiques afin d’être à même de comprendre l’essence du langage. D’autre part, la simple maîtrise des règles linguistiques ne suffit pas pour maîtriser le langage. Il faut surtout savoir comment appliquer les règles car pour l’auteur « comprendre une phrase veut dire comprendre un langage. Comprendre un langage veut dire être maître d’une technique ».[12] Pour arriver à la maîtrise de la technique, il faudra prendre part au jeu de langage. A force de jouer constamment, on apprend à surmonter les problèmes qui surgissent lors du jeu. Wittgenstein est partisan de la pratique car il veut nous faire comprendre que nous n’apprenons pas le sens des mots quand nous les utilisons en apprenant des concepts mais dans la pratique du langage. En effet, la connaissance du langage réside dans sa pratique.

Généralement, la fonction du langage est d’exprimer la pensée en la manifestant extérieurement. C’est le contraire de l’animal qui exprime ses besoins par instinct. Par la pensée, l’homme se parle et Platon qualifiera la pensée comme le dialogue de l’âme avec elle-même. La pensée est ainsi considérée comme une parole intérieure car sans un même langage articulé « la pensée de l’homme se poursuit à l’intérieur de sa conscience ».[13] Les sourds muets par exemple, peuvent penser comme les autres enfants même sans exprimer les mots.

Une pensée, même si elle n’est pas exprimée, peut être devinée dans un certain cas et coïncider avec la réalité. Par contre, un langage codifié même s’il peut être parlé à haute voix demeure incompréhensible et incommunicable. Le récepteur ne sera pas en mesure de le décoder, car il n’y a que le concerné qui connaît le code.





I.3. Le langage comme instrument

Le langage est ici considéré comme un instrument de la pensée. L’être humain exprime sa pensée par le biais d’un mot, d’une phrase, d’une proposition, qui sont tous les instruments du langage. Mais, la pensée peut se réduire au langage du fait que l’homme exprime ce qui lui semble important et le reste, il le garde pour lui. C’est dans ce sens que Wittgenstein dira qu’ « il y a assurément de l’inexprimable […] ce dont on ne peut parler, il faut le taire ».[14]

Par ailleurs, les signes sont également les instruments du langage. L’être humain s’en sert pour exprimer sa pensée. Ils sont du domaine de la convention. Pour cela « l’usage des signes dans le jeu serait enseigné d’une autre manière, et notamment par le fait d’indiquer les paradigmes ».[15] Ainsi, par convention, on peut dire que la lettre « R » représente la couleur rouge. La présentation doit correspondre à son objet et rien d’autre. Pour Wittgenstein, la présentation est le « super portrait ». Il ne permet pas qu’on représente quelque chose par une proposition, car le mieux serait de la représenter par un dessin ou une image. Mais alors, l’image peut traduire la réalité d’une part et peut la contredire d’une autre part? Le signe conserve sa signification même dans le cas où l’objet cesse d’exister. C’est l’exemple d’un monsieur dont le nom a un sens. Une fois décédé, c’est le monsieur qui disparaît mais le sens qui reste. Et Wittgenstein dira que « le sens, c’est la pensée ».[16]

Le langage en certaines circonstances peut dépasser l’être humain comme c’est le cas d’un lapsus car l’individu dit alors autre chose que ce qu’il veut dire. Et parfois, il peut parler pour ne rien dire. Dans ce cas, le langage rate son objectif qui est celui d’exprimer les pensées.
Chaque contexte peut se créer son langage. C’est ainsi qu’il existe des « langages de spécialités », tels que le langage de l’aéronaute, le langage mathématique, le langage informatique etc. Le langage peut en outre connaître des troubles comme le cas de l’aphasie, etc. Malgré le dysfonctionnement qui peut subvenir dans l’utilisation du langage, celui-ci reste un instrument de communication et d’expression.

II. La communication

Par la communication, l’être humain entre en relation avec ses semblables et reçoit l’information par le biais de la technique. L’homme capable d’une communication authentique est reconnu comme une personne. La possibilité de communiquer témoigne de la manifestation de la raison dont l’homme est tributaire.

II. 1. La notion de communication

En son sens large, la communication désigne « le fait d’être en relation avec quelqu’un »[17] et en un sens strict, elle consiste en la « transmission d’informations ».[18] Dans la première définition, la communication peut se confondre avec l’ensemble des activités de la vie en société. Aujourd’hui, le terme de communication désigne plus particulièrement les nouvelles techniques de diffusion de l’information : la presse ; la radio, la télévision, le journal etc. C’est la langue qui favorise ainsi la transmission d’informations. En effet, la langue est le code commun qui fonde et rend possible la transmission et l’échange des messages. La notion de communication consiste donc en la transmission de l’information à l’aide d’une langue codée. Une réelle communication nécessite un émetteur, un récepteur et la langue qui facilite l’échange ou la saisie du message. Wittgenstein attire notre attention quand il parle du jeu de langage de communication, car « nous sommes tellement habitués à la communication par la parole dans la conversation, qu’il nous semble que toute la pointe de la communication réside dans le fait que l’autre saisisse le sens de mes paroles ».[19] En dehors de la parole, l’être humain peut utiliser des gestes, des signes, des symboles. Ces moyens aussi facilitent et rendent possible la communication.

Par ailleurs, le langage ne serait se limiter uniquement à la communication du fait qu’il a un pouvoir spécifique indépendant des autres facultés. Il fait preuve de la faculté de penser et de raisonner qui est propre à l’homme. Ainsi, si les animaux ne parlent pas, c’est par défaut de penser et non par faute de moyens de communication car ils savent exprimer leurs passions. A ce propos, Wittgenstein déclarera « les animaux ne parlent pas, parce que les facultés intellectuelles leur font défaut [...] ils ne se servent pas du langage ».[20]

C’est dans ce sens qu’Aristote considère l’homme comme un animal rationnel, car il est doté de raison, ce qui le distingue bien de l’animal. La raison demeure un instrument voué à la manifestation de la vie de conscience. Etant doté de raison, l’homme peut penser, comprendre, dialoguer, argumenter et j’en passe. La possibilité de communiquer détermine ainsi l’essence de l’homme.


II.2. Le pouvoir du langage

Le pouvoir du langage réside dans la signification des mots et non dans la persuasion comme l’ont pensé les sophistes car « chaque mot a une signification. Cette signification est coordonnée au mot. Elle est l’objet dont le mot tient lieu ».[21] Sous cet angle, nous pouvons dire que les mots sont considérés comme des signes qui renvoient à la réalité et aux images mentales que nous nous formons des choses, des êtres, des actions. Ainsi, on peut distinguer deux classes principales de signes. Il y a ceux qui ont une signification :ce sont des expressions et il y a ceux qui renvoient à une réalité extérieure à ceux qui sont les indices. L’indice d’une fumée par exemple justifie la présence du feu. Mais, les mots de la langue sont différents des indices qui sont là pour me rappeler l’existence d’une chose. Dans un dialogue, les mots du locuteur ne sont compris par l’auditeur que s’ils sont perçus par son ouïe. Ils signalent ainsi la présence de l’esprit de celui qui parle. Dans ce cas, les mots fonctionnent comme des indices car ils révèlent l’existence d’un état psychique du locuteur. Le monologue par contre, est une expression pure car la personne qui se parle à elle-même ne fait que parler, et son discours ne s’adresse à personne même à celui qui le tient car on ne peut s’adresser qu’à un autre. Ceci est pour dire que dans le monologue, les mots n’assurent pas leur fonction d’indice.

En outre, le sens d’un mot consiste dans ce que nous voulons dire lorsque nous l’employons et ce qu’il évoque chez l’auditeur. Il renvoie également à ce à quoi nous pensons lorsque nous parlons, écrivons, écoutons et lisons. Ceci pour dire que le sens n’est pas toujours dans les choses à elles- mêmes. Le sujet est ainsi appelé à faire correspondre les signes aux choses, faire en sorte que chaque signe ait un sens particulier. C’est dans ce sillage que pour Wittgenstein « la notion générale enveloppe le fonctionnement du langage ».[22] Grâce au sens donné à chaque mot, les choses peuvent ainsi exister y compris le monde. Par le sens qu’il donne aux choses, l’homme s’ouvre au monde. Tout ce qui se trouve dans le monde existe par la signification qu’on lui donne. C’est dans cette optique que Levi Strauss interprète l’apparition du langage comme un événement qui rend le monde significatif.

Quand la signification des mots n’est pas mieux saisie par l’auditeur, elle crée des malentendus ou une fausse interprétation. D’après Wittgenstein, le but de la philosophie est d’éclaircir le langage du fait que la logique ne peut ni traiter un phénomène naturel (langage) ni favoriser la construction d’un langage idéal. Le langage idéal est lui-même une utopie chez Wittgenstein par le fait que le mot « idéal » nous conduirait à penser que ce type de langage est supérieur à notre langage quotidien de par sa perfection. Il dira à ce sujet que « nous écartons les malentendus en rendant notre expression plus exacte […] que nous nous efforcions de comprendre dans notre investigation l’essence du langage, de la proposition, de la pensée ».[23] Une expression exacte doit être sentie et non prouvée. La présentation favorise aussi la compréhension car elle nous permet de représenter la manière dont nous voyons les choses ou la manière dont nous les décrivons. La description d’une chose fait preuve de l’application du langage.






III. Evaluation critique
III. 1. Mérites de la pensée de L. Wittgenstein

Partisan de la philosophie analytique, Wittgenstein a le mérite de concevoir une philosophie dans laquelle le langage, à savoir le langage ordinaire joue un rôle essentiel. Grâce à lui, nous voyons comment le langage transit notre vie. Et Gilbert Hottois de dire que« le langage n’est pas pour Wittgenstein quelque chose de superficiel : « les jeux de langage » sont des « formes de vie ».[24] Les règles dans le jeu semblent régir la structure logique du langage. Ce dernier étant un fait social peut se faire et se défaire dans la mesure où le joueur joue. Le langage comme l’a conçu Wittgenstein, doit subir des modifications et s’adapter au contexte dans lequel il est pratiqué. L’usage d’une langue naturelle peut ainsi s’apparenter à celle d’une multitude de jeux de langage dans lesquels nous pouvons utiliser les signes, les mots et phrases qui la composent, selon des règles variables et infiniment combinables. C’est dans ce sens que Sylvain Auroux et compagnie diront que « c’est dans le langage que tout se règle [...] on pourrait objecter qu’il n’y a pas le langage mais les langues, et que les langues ne sont pas des ensembles finis et invariants, qu’elles évoluent, y compris, et surtout peut - être, dans leurs structures grammaticales ».[25]

Wittgenstein a aussi le mérite d’avoir détruit le concept de langue idéale construit par les logiciens car la logique ne peut pas traiter un phénomène naturel. L’idée de jeux de langage détruit la conception d’un langage parfait car chaque phrase du langage est en ordre telle qu’elle est. La multiplicité de jeux de langage exclut toute réduction à un modèle unique. Cela suppose qu’un acte de langage implique à la fois la manipulation de signes et leur interprétation. Sa position contre la possibilité d’un langage privé vise à révéler le caractère fondamental du jeu de langage qui permet la représentation des états mentaux. Se référant à l’analyse de la douleur, il dira que le langage n’est pas un langage privé du fait qu’il se réfère à des critères publics de l’usage linguistique.


III. 2. Les limites de la pensée de Wittgenstein

Dans la pratique du jeu de langage, Wittgenstein propose d’identifier la signification d’un mot à son usage. Le sens d’un mot sera son utilisation dans un contexte déterminé. Ou dans ce sens, Wittgenstein semble s’éloigner de la pragmatique dans laquelle s’est focalisé Austin car il établit une distinction entre le dire d’un côté et le faire de l’autre côté. Le langage comme jeu ne doit pas se limiter au niveau de la description des états des choses ni non plus au niveau de la représentation. Il doit, par contre, nous conduire à l’action. C’est dans ce sens que Austin dira « il me semble clair qu’énoncer la phrase, ce n’est ni décrire, ce qu’il faut bien reconnaître que je suis en train de faire en parlant ainsi, ni affirmer que je le fais : c’est le faire ».[26]

Certes, produire une énonciation signifie exécuter une action. Bien que le langage apparaisse chez Wittgenstein comme une activité, il est ici en train de relater l’accomplissement d’un acte et non son exécution. Le dire ne doit pas se séparer du faire. Les deux doivent collaborer afin de n’être pas seulement une femme ou un homme de parole mais de l’agir en même temps. Il faut que tout ce que nous faisons avec ou sans les mots nous renvoie à l’action. Même si on tait ce qu’on ne peut dire, cela ne peut nous rendre passif mais actif car il y a risque de se réfugier dans le silence ou de privilégier beaucoup plus la parole que l’action.

Conclusion

En somme, L. Wittgenstein fait entrer dans la philosophie analytique, la notion du jeu de langage parce qu’il comprend que le langage est une activité qui fait partie de la vie de l’homme. Ce dernier pour exprimer sa pensée manipule le langage qui n’est pas seulement un instrument de communication mais également un moyen qui détermine son essence. Celui-ci se sert du langage parce qu’il pense. L’animal quant à lui, ne peut se servir du langage mais est capable de communiquer ses besoins. Ainsi, c’est par instinct qu’il peut « se faire » car il est dépourvu de raison. Le langage ne peut se limiter ainsi à la seule faculté de communiquer.

En outre, le langage tel qu’il nous est présenté par L. Wittgenstein est régi par des règles. Ces dernières ne sont pas stables mais se renouvellent constamment lors du jeu. Le langage lui-même n’est pas statique, par contre, il est disposé à subir des modifications étant donné que les règles changent avec le temps. Tout homme capable de penser parle. Il parle à travers les mots, les phrases, la proposition, les signes, les représentations. Seul l’homme est capable de donner une signification à ces différents outils du langage. Le langage est fait d’instruments multiples aux multiples fonctions. Il faut ainsi maîtriser le langage pour éviter les malentendus.

Wittgenstein en vient à légitimer tout énoncé qui, dans le jeu de langage qui lui est propre, remplit sa fonction de communication, même s’il ne signifie rien de précis et de défini. Mais alors, peut- on parler sans rien dire ?




BIBLIOGRAPHIE
I. Œuvres principales de Ludwig Wittgenstein
1. De la certitude, Paris, Gallimard, 1965,152 p.
2. Le cahier brun et le cahier bleu, 1933- 1955
3. Leçons et conversations, Paris, Gallimard, 1992, 187 p.
4. Tractatus logico- philosophicus, Paris, Gallimard, 1961, 364 p.
II. Œuvres sur Ludwig Wittgenstein
1. CHAUVIRE Ch., Ludwig Wittgenstein, Paris, Seuil, 1989, 280 p.
2. COLLECTIF, La philosophie du langage, Paris, PUF, 2004, 412 p.
3. NICOLET D., Lire Wittgenstein : étude pour une reconstruction fictive, Paris, Aubier, 1989, 223 p.
4. MARCONI D., La philosophie de langage au XXè S, Paris, Gallimard, 1997.
5. GRILLO E., La philosophie du langage, Le Seuil, Paris, 1997.
6. KERR F., La théologie après Wittgenstein : une introduction à la lecture de Wittgenstein, Paris, Cerf, 1991, 271p.
7. GRANGER G., Wittgenstein, Vienne et la modernité, Paris, PUF, 1978, 239 p.
8. HOTTOIS G., Sens commun à la société de communication, Paris, J. Vrin, 1989, 222 p.
9. HOTTOIS G., L a philosophie du langage de Wittgenstein, Université Libre de Bruxelles, 1976.
10. COMETTI J. P., Philosopher avec Wittgenstein, Paris, PUF, 1996, 245 p.
11. BOUVERESSE J., La force de la règle : Wittgenstein et l’invention de la nécessité, Paris, Edition de Minuit, 1987, 175 p.
12. ASSOUM P. L., Freud et Wittgenstein, Paris, PUF, 1996.




[1] L. WITTGESTEIN, Leçons et conversations, Paris, Gallimard, 1992, p. 16.
[2] COLLECTIF, Pratique de la philosophie de A à Z, Paris, Hatier, 1994, p. 197.
[3] Idem.
[4] L. WITTGESTEIN, Investigation philosophiques, 1961, 23.
[5] L.WITTGSTEIN, Cahier Bleu, Trad. Goldberg et Sackur, p. 126.
[6] L. WITTGNSTEIN, Investigation Philosophiques, Op. cit., 85.
[7] Ibid., 54.
[8] Ibid., 56.
[9] Ibid.,15.
[10] Ibid., 338.
[11] L. WITTGENTSEIN, Leçons et conversations, Op.cit., p. 17.
[12] L. WITTGENTSEIN, Investigations philosophiques, Op. cit., 199.
[13] Idem.

[14] L. WITTGENSTEIN, Tractatus-Phisophicus, Op. Cit., 6. 522.
[15] L.WITTGENSTEIN, Investigations philosophiques, 51.
[16] Wittgenstein, Leçons et conversations, Op.cit., p. 67.
[17] COLLECTIF, Pratique de la philosophie de A à Z, Op.cit., p. 56.
[18] Idem.
[19] L. Wittgenstein, Investigations philosophiques, Op. cit., 363.
[20] Idem., 23.


[21] Ibid., p. 117.
[22] Idem, 5.
[23] Ibid., p. 90.
[24]G. HOTTOIS, Du sens commun à la société de communication, Paris, J. Vrin, 1989, p. 67.
[25]COLLECTIF, La philosophie du langage, Paris, PUF, 2004, pp. 259- 260.
[26] J.L. AUSTIN, Quand dire c’est faire, Paris, Seuil, 1970, p. 41.

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