domingo, 3 de enero de 2010

La philosohie des sciences( Epistémologie): La signification du non chez Gaston Bachelard

INTRODUCTION

L’évolution de l’épistémologie est associée au développement scientifique du 19ème siècle. Les grandes crises scientifiques du début du 20éme siècle comme la théorie de l’évolution, la relativité et la mécanique quantique remettent en question les normes communément admises de la rationalité scientifique. Ces bouleversements impliquent –ils qu’ils n’y a pas de raison scientifique éternelle ? Chaque science construit elle un objet contre toute évidence antérieure et celle du sens commun en surmontant ces propres obstacles ?
C’est dans cette même perspective que Gaston Bachelard pose le problème de la signification du non. Pour lui « la philosophie du non n’est pas une volonté de négation. Elle ne procède pas d’un esprit de contradiction qui ne contredit sans preuve, qui soulève les arguties vagues. Elle ne fuit pas systématiquement toutes règles »[1]. Mais qu’est ce donc cette philosophie du non dans la pensée bachelardienne ?
Lorsqu’on jette un regard critique sur la science et son déploiement dans l’ensemble, fort est de constater la multiplicité et la diversité de son discours sur le réel. La raison réside dans la différence d’approche, de méthode de même de courants de pensée qui préside à l’élaboration des théories ; ainsi, selon que le chercheur se classe parmi les empiristes ou rationalistes, son discours sera différent de celui du camp opposé. Une telle approche est-elle propre à faire grandir l’esprit scientifique ?
Si nous nous référons à la pensée de Gaston Bachelard dans son livre, la philosophie du non. Il établit dans cet ouvrage un pont entre ce qu’il appelle le réalisme naïf et le rationalisme complet en passant par l’empirisme. De là vient le fait que de bout en bout, il se fait le pourfendeur des catégories kantienne qui, appliqué à la science, s’oppose au rajeunissement de celle-ci, au nouvel esprit scientifique. Autrement dit, il s’oppose à l’affirmation d’une vérité absolue que prétend posséder tel ou tel courant de pensée. Tout en suivant la démarche de l’auteur en ce qui concerne la dialectique du concept de masse, de substance et la logique non aristotélicienne, nous nous poserons la question de savoir si la science doit tout dialectiser, s’il lui manque un supplément d’âme.


I- FONDEMENTAUX POUR LA COMPREHENSION DE LA PENSEE DE BACHELARD
1- Vie et oeuvre

Gaston Bachelard né à Bar-sur-Aube en 1884, marié le 8 juillet 1914, resté veuf le 20 juin 1920qui a élevé sa fille Suzanne seul. Licencié en mathématiques, en philosophie et docteur, il soutient deux thèses en épistémologie. Il meurt en le 16 octobre 1962, ayant travaillé comme professeur de philosophie à l’université de Dijon, d’histoire et philosophie des sciences à la Sorbonne ainsi qu’après avoir obtenu en 1961 le grand prix national des lettres.
L’œuvre de Gaston Bachelard comporte deux volets : la poésie et la science. Il a écrit plusieurs ouvrages parmi lesquels la Philosophie du non sur laquelle nous nous sommes appuyés davantage pour réaliser l’analyse que nous vous proposons pour l’exposé d’aujourd’hui. Dans le cadre de notre étude, nous allons nous intéresser moins de la poésie que de la science compte tenu non seulement de l’intitulé du cours à savoir ‘‘ histoire et philosophie des sciences’’ mais encore de notre préoccupation première à l’intérieur de ce dernier ou ‘‘l’objectivité de la vérité scientifique’’.
L’auteur écrit plusieurs livres entre autre :
- Essai sur la connaissance approchée en 1928
- Le Nouvel esprit scientifique en 1934
- La Formation de l’esprit scientifique en 1938
- La Psychanalyse du feu en 1938
- La Philosophie du Non en 1940
- L’eau et le rêve en 1942
- La terre et les rêveries de la volonté en 1948
- Le Rationalisme appliqué en 1949
- L’activité rationaliste de la physique contemporaine en 1951
- La Flamme d’une chandelle en 1961
2- Influence dans la pensée de Bachelard
La première des influences que nous pouvons notés c’est sa formation pluridimensionnelle et pluridisciplinaire : la chimie, la biologie, la physique, la mathématique, la poésie et la philosophie. Il maîtrise chacune de ces disciplines depuis leurs balbutiements embryonnaires jusqu’à leurs développements les plus complexes. Ce qui lui a permis d’établir des profils épistémologiques des concepts scientifiques en lien avec la philosophie. Il nous rappelle les philosophes de l’antiquité qui connaissaient à la fois la géométrie, la mathématique, l’arithmétique, la rhétorique et la philosophie.
Il bénéficie aussi du fait d’avoir vécu au 20ème siècle où la technoscience a évolué à pas de géants. Il affirmera lui-même dans le rationalisme appliqué qu’une théorie scientifique à l’age de ses instruments. Dans le même ordre d’idée, nous affirmons que Gaston Bachelard est fils de son époque. Il est donc normal que la conjugaison de ces deux facteurs produise la substantifique moelle de son discours au sujet du Nouvel esprit scientifique, de la philosophie du Non.
Le 20 ème siècle tel que nous l’avons dit plus haut est le siècle des grandes révolutions scientifiques à nulle autre pareille. C’est à cause des deux grandes guerres que, poussé par la course aux armements, les Etats et les scientifiques ont doublés le paquet pour faire avancer la science. Prenons le cas de la recherche sur les atomes dont la relativité Einsteinienne exploitée dans le domaine militaire a produit la bombe atomique. Dans d’autre domaine comme dans la télécommunication, les recherches sur l’atome ont améliorées la qualité sur la transmission des ondes.

II OUVERTURE DIALECTIQUE DE LA CATEGORIE KANTIENNE
1) Dialectique du concept de masse et implication épistémologique

L’évolution dans la définition de ce concept est fonction du développement des sciences positives. Il implique aussi par le fait même, « la maturation de la pensée scientifique ».[2]Bachelard dans son premier chapitre et même dans le second, montre comment ce concept passe des étapes dans sa compréhension et son extension. d’abord, « sous la première forme, la notion de masse correspond à une appréciation quantitative grossière et comme gourmande de la réalité (…)la notion de masse concrétise de désir même de manger »[3]. Notons ici que la masse apparait ici comme un phénomène. Dans cette étape qu’il appelle réalisme naïf ; ici, « la masse se définit dans la contradiction du gros et du pesant : c’est les yeux qui pèse la masse de l’objet »[4]. En suite, on passe à l’empirisme clair et positiviste où « la notion de masse correspond à un emploi sagement empirique, à une détermination objective et précise. Le concept est alors lié à l’usage de la balance. Il bénéficie de l’objectivité instrumentale ».[5]Au troisième niveau, nous arrivons au rationalisme classique de la mécanique rationnelles l’auteur le dépeint en ces termes :
« Ce troisième aspect prend toute sa netteté à la fin du XVIIè siècle quand se fonde avec Newton la mécanique rationnelle (…) la notion de masse se définit alors dans un corps de notion et non plus seulement comme un élément primitif d’une expérience immédiate et directe. Avec Newton, la masse sera définie comme le quotient de la force par l’accélération »[6]
C’est cette physique qu’a connu Kant, il l’a apprécié dans son exactitude et en a fait son modèle de raisonnement philosophique. Les absolus de cette science ; l’espace absolu, la masse absolu, le temps absolu selon Bachelard ont inspiré pour sa conception des noumènes, nous lisons sous sa plume cet argument : « Le rationalisme newtonien dirige toute la physique mathématique du XIXè siècle. Les éléments qu’il a choisis sont fonde mentaux ; espace absolu, temps absolu, masse absolu (…) ces éléments correspondent à ce qu’on pourrait appeler des atomes notionnels. Poser une question analytique à leur égard n’aurait pas de sens »[7] parvenu à ce palier, la notion de mase ayant été dialectisé, il nous révèle son noumène. Ce dernier est inconnaissable, du moins jusqu’au moment où Kant le connait. Bachelard nous montre alors qu’en le dialectisant, c'est-à-dire qu’en le pénétrant, l’on parvient à un non kantisme qui est un rationalisme ouvert de la relativité. Il nous éclair en ses termes : « Voici venir un époque, avec l’ère de la relativité, où le rationalisme, essentiellement fermé dans les conceptions newtonienne et kantiennes vont s’ouvrir (…) l’ouverture se fait à l’intérieure de la notion (…) pour la première fois un atome notionnel peut se décomposer »[8] Toujours en avant, Bachelard nous présente la mécanique de Dirac qui nous fait avancer un peu plus loin dans la dialectique du concept de masse il affirme : « En fin de calcul, la notion de masse nous est livrée étrangement dialectisée. Nous n’avions besoin que d’une masse, le calcul nous en donne deux, deux masses pour un seul objet. L’une résume ce qu’on savait de la masse dans les quatre philosophies antécédentes (…) l’autre dialectique de la première est une masse négative »[9] le profil épistémologique que dégage les différents décollages conceptuels de la masse nous met sur le chemin de la philosophie du non.
2) Dialectique sur le concept de substance
Des points de vue philosophique ou métaphysique, la substance est la réalité permanente qui sert de substrat aux attributs changeants. La substance c’est ce qui existe en soi, en dessous des accidents, sans changement. C’est ce qui fait l’essence d’une chose. Elle s’oppose aux accidents variables, qui n’existent pas en eux- mêmes. C’est une notion qui a suscité plusieurs débats au cours de la philosophie des sciences, du fait qu’il y eut différente conception à ce sujet. Parmi tant d’autres, nous voulons nous arrêter avec Emmanuel Kant pour qui, la substance est du domaine nouménal. Or le noumène est une chose en soi donc n’est pas connaissable par notre entendement pour ce faire, ne peut se dialectiser. Le noumène, entité purement intelligible, suprasensible, n’est pas accessible à travers notre raison. Pour lui, notre raison ne peut connaître que les phénomènes qui sont des données de notre sensibilité ainsi nous voyons avec Kant que la raison humaine ne pas tout connaître le noumène.
Bachelard, part de là pour critiquer Kant qui limite la raison dans l’ordre du phénomène. Pour lui, la science se construit contre l’évidence, contre les illusions de la connaissance immédiate, qui se veut être une philosophie du non. La science progresse non parce qu’elle amasse des connaissances mais plutôt, par une démarche réductrice qui procède par soustraction d’opinions erronées et des préjugés car, il n’y a pas de vérité première, il n’y a que des erreurs premières. La science doit combattre contre les intuitions spontanées, les habitudes de pensée, les valorisations inconscientes qui constituent des entraves et des résistances inhérentes à l’acte de connaître que Bachelard appelle par ‘obstacles épistémologiques’.
C’est dans cette logique, que l’auteur va se distinguer en commençons ces œuvres de déconstruction, avec le noumène de Kant qu’il soumet à la dialectique à travers la notion de substance. C'est-à-dire la substance est ramenée dans l’ordre de la connaissance : « En effet, la dialectisation d’une notion prouve, à nos yeux, le caractère rationnel de cette notion. On ne dialectise pas un réalisme. Si la notion de substance peut se dialectiser, ce sera la preuve qu’elle peut fonctionner vraiment comme une catégorie »[10].
Avec Bachelard, le noumène devient accessible à l’entendement. C’est dans ce sens qu’il affirme :
« On voit donc qu’à une substance chimique est associé désormais un véritable noumène. Ce noumène est complexe, il réunit plusieurs fonctions. Il serait rejeté par un Kantisme classique ; mais le non Kantisme dont le rôle est de dialectiser les fonctions du Kantisme peut l’accepter »[11].
D’autres exemples vont être soulevés dans la science contemporaine pour montrer cette rupture de la connaissance avec des opinions universelles, ce refus des notions a priori. Nous allons dans le domaine chimique avec la notion sur l’atome. Nous savons que l’atome était considéré comme une infime particule qui ne pouvait être divisé.
Cette loi va subir une évolution dans la science contemporaine pour montrer que de nos jours, l’atome peut être divisé. Il y a donc un certain refus statique dans le savoir « Une sorte de non chimie s’est constituée pour soutenir la chimie »[12]. Aussi, avec la ‘physicalisation de la chimie’, on découvre que l’équation : H2+0….. …H20, peut se résoudre par simple rapport statistique, sans faire intervenir la notion de chaleur.
Parlons maintenant de la notion d’électron. Meyerson nous disait que l’électron conservait sa charge mais, avec l’évolution de la science, en découvre que l’électron ne se conserve pas. La théorie de non Meyerson. Ainsi de suite. Tous ces exemples s’inscrivent dans cette logique qui veut que la science soit dynamique, révolutionnaire. C’est dans ce sens que nous affirmons avec l’auteur que : « La science, somme de preuves et d’expériences, somme de règles et de lois, somme d’évidences et de faits, a donc besoin d’une philosophie a double pôle»[13]
C’est à cet effet que la chimie est maintenant non lavoisienne, la physique non newtonienne, la géométrie non euclidienne, la mécanique non cartésienne. La science évolue par crise et par rupture.

III LA LOGIQUE NON-ARISTOTELICIENNE
1)- LE FONDEMENT DE LA LOGIQUE ARISTOTELICIENNE

IL s’agit ici de deux science qui s’oppose et donc l’un est le dépassement et l’autre : la philosophie du nouvel esprit scientifique (moderne) doit dépasser l’ancienne esprit scientifique (classique) qui était catégorique sur certains principes. C’est le cas d’Aristote avec son principe d’identité. En effet ce principe stipule que A =A car certains objets scientifiques aujourd’hui peuvent avoir « des propriétés qui se vérifie dans les types d’expérience opposés »[14]. En fait Aristote a créé un instrument qui lui a permis d’édifier la science, le savoir universel et nécessaire, qui est la logique. La Logique peut donc se définir comme étant une discipline dont les règles sont formelles. Elle a pour rôle d’étudier la forme du raisonnement indépendamment de son contenu. Ensuite il a inventé le syllogisme et a formulé les principes directeurs de la pensée, donc celui de la non contradiction, celui du tiers exclu et celui de l’identité.

2 L’APPLICATION DU NON DANS LA LOGIQUE ARISTOTELICIENNE

Le non à la logique aristotélicienne revient à dépasser, à compléter ce savoir antérieur d’Aristote. La connaissance scientifique doit englober les contradictions résultant de cette dernière tel que nous l’avons démontré au début avec le principe d’identité. Exemple l’auteur nous donne deux définitions ; l’électron est un corpuscule ; l’électron est un phénomène ondulatoire.
Pour Gaston Bachelard, en donnant à ces deux expressions leur sens scientifique précis, elles s’excluent l’une à l’autre. Elles s’excluent nous dit Bachelard : « Parce qu’elles ont le même sujet et des prédicats qui se contredisent .c’est le cas de os et chair, vertébrés et invertébrés [15]»En fait Bachelard, cherche à surmonter les obstacles qui révèlent tout simplement à l’esprit scientifique qu’il n’existe pas des vérités premières. Pour l’auteur l’esprit quand il arrive devant la science, à déjà les préjugés. Alors que dans la connaissance scientifique, rien n’est donné, tout est construit. Ceci pour dire que le « réel » n’est jamais ce que nous pourrions croire il est toujours ce que nous n’aurions du penser. L. Reiser a établit une série de propositions qui constituait le corps de postulat de la physique classique, pour l’auteur ce ne sont que des postulats quelque soit leur validité, leur solidité et leur sûreté dans la science classique et la connaissance commune, ils ne sauraient être considérer comme des vérités d’ordre logique, comme des vérités a priori. Il faut donc les dialectiser pour qu’ils aient un caractère scientifique. C’est pourquoi Bachelard propose qu’il faille soit montrer ces postulats soit il faut une dialectisation de ces derniers. Et il donne des exemples :
« Ce qui est, est. Cela n’est pas autre chose que le postulat d’identité. La meilleur preuve que ce n’est pas une vérité d’évidence, c’est qu’une physique des phénomènes de la vie dirait plus exactement : « ce qui est, devient. » « Dans les sciences physiques comparées aux sciences biologiques, il faudrait ensuite dire « ce qui est ne devient pas » Naturellement, pour la compréhension des phénomènes biologiques, le postulat des sciences physiques « ce qui est, est »est un véritable obstacle épistémologie [16] ».
Tout comme le deuxième postulat qui stipule que ‘un objet est ce qu’il est’ c’est-à-dire qu’il est identique a lui-même sous tous les rapports est faut car comme dit l’auteur qu’il s’agit là de la permanence de l’être, et de la permanence de toutes ses qualités or, on n’a jamais la garantie d’avoir examiné un objet sous tous les rapports ; le postulat dépasse donc toujours l’expérience. L’auteur considère que ces principes sont familiers à la logique aristotélicienne car ils obéissent à la loi d’identité. Donc ces postulas doivent entraîner la possibilité d’une dialectique pour la logique aristotélicienne. Ce pendant l’auteur critique un certain comportement de certain penseur qui n’ont pas propagé ou n’ont pas étendu le mouvement dialectique, et qui ont perdu le contact avec la culture scientifique contemporaine. A ce sujet il affirme :
«Les philosophes sont installés dans le domaine de la logique aristotélicienne et c’est de là qu’ils veulent comprendre toute la géométrie, toute la physique .ils y réussissent parce qu’ils n’ont s’en tiennent aux éléments, parce qu’ils n’ont à explorer que les domaines ou le système trinaire est précisément établi ». Or « d’autres philosophes ont fait un loyal effort pour étudier à fond le géométrisme dans tous ses aspects. Ils ont alors compris le sens philosophique nouveau d’un corps de postulats et conséquemment la possibilité de formation dialectique » [17]. Pour l’auteur « il faut agglomérer un système trinaire autour de chaque dialectique, quelque soit le domaine initialement perturbé. Alors l’esprit sera rendu à sa fonction de maturation. Il profitera pour se transformer de toutes les transformations il se rendra compte que la science contemporaine en l’invitant à une nouvelle pensée lui conquiert un nouveau type de représentation, donc un nouveau monde »[18].
Ici l’auteur invite à un nouveau esprit épistémologie. Aussi pour l’auteur, « L’espace de l’intuition ordinaire ou se trouve les objets n’est qu’une dégénérescence de l’espace fonctionnel ou les phénomènes se produisent »[19]. Or la science veut connaître les phénomènes et non pas les choses affirme l’auteur .Elle n’est pas chosiste. La chose compris ici comme un phénomène arrêté. En fait Bachelard veut arriver à penser les objets naturels objectivement.
En effet il cherche à psychanalyser la connaissance scientifique et objective, de manière à la purifier des illusions et des pesanteurs qui la trouble. En sommes retenons que c’est dans le domaine de la logique qu’apparaissent le mieux les premiers signes de la formation d’une nouvelle pensée. D’où se craie une logique non aristotélicienne .cette dernière est donc fondée non sur la connaissance des choses qui sont des phénomènes arrêtés mais sur celle des phénomènes eux-mêmes .c’est une logique qui admet et reconnaît des interprétations, qui rend le psychisme à sa tache essentielle et qui est d’invention, d’activité et d’ouverture.

VI. LA VALEUR SYNTHETIQUE DE LA PHILOSOPHIE DU NON
1 Le non bachelardien, une Continuité ou une discontinuité ?

La philosophie du non n’est pas une volonté de négation, elle ne procède pas d’un esprit de contradiction, ne fuit pas systématiquement toute règle mais y est fidèle, elle n’a pas de lien avec la dialectique de l’a priori et surtout pas celle de Hegel. Elle est caractérisée par un mouvement inductif qui détermine la réorganisation du savoir sur une base élargie. A propos, Bachelard écrit que
« La dialectique de la science contemporaine se distingue nettement des dialectiques philosophiques parce qu’elle n’est pas une construction a priori et traduit la marche suivie par l’esprit dans la connaissance de la nature. La dialectique philosophique, celle de Hegel, par exemple, procède par opposition de la thèse et de l’antithèse et leur fusion dans la notion supérieure de la synthèse. En physique, les notions unies ne sont pas contradictoires, comme chez Hegel ; la thèse et l’antithèse sont plutôt complémentaires. » 1
Ainsi, dans la « philosophie du non », l’antithèse n’est pas une négation de la thèse. Deux notions qui se combinent dans une synthèse sont opposées mais ne sont pas contradictoires. Cette pensée intègre le principe de contradiction dans l’intimité du savoir. La pensée de Bachelard est analogue à celle de Novalis selon laquelle :
« De même que toutes les connaissances s’enchaînent, de même toutes les non-connaissances s’enchaînent aussi […] Qui peut créer une science, doit aussi pouvoir créer une non-science. Qui peut rendre une chose compréhensible, doit aussi la rendre incompréhensible. Le maître doit pouvoir produire de la science et de l’ignorance »2.
La négation dit donc une plénitude de réalité au-delà d’elle-même c’est-à-dire que quand on nie quelque chose, cette négation doit rester à contact avec la première formation et permettre la généralisation dialectique : la généralisation par le non doit inclure ce qu’elle nie.
La pensée de Bachelard est une critique et dépassement du débat empiriste, rationaliste et de l’inductivisme sévère.
« Pour la philosophie, il n’y a ni réalisme ni rationalisme absolu [...] la philosophie de la science est une philosophie qui s’applique, elle ne peut garder la pureté et l’unité d’une philosophie spéculative. Quel que soit le point de départ, de l’activité scientifique, cette activité ne peut pleinement convaincre qu’en quittant le domaine de base : si elle expérimente, il faut raisonner ; si elle raisonne, il faut expérimenter »3.
Selon lui, le fait scientifique est construit à la lumière des théories, la science contre l’évidence, contre les illusions de la connaissance immédiate. C’est dans ce sens que Bachelard parle d’une philosophie du non. Produire des connaissances nouvelles c’est franchir des obstacles épistémologiques. Bachelard plaide pour une épistémologie concordataire. « Pas de rationalité à vide, pas d'empirisme décousu. Voilà deux obligations philosophiques qui fondent l’étroite et précise synthèse de la théorie et de l’expérience »4. L'activité scientifique suppose la mise en œuvre d'un ‘ rationalisme appliqué’ ou d'un ‘ matérialisme rationnel.
Bachelard a ainsi le mérite de « Mettre la culture scientifique en état de mobilisation permanente, de remplacer le savoir fermé et statique par une connaissance ouverte et dynamique, de dialectiser toutes les variables expérimentales, donner enfin à la raison des raisons d’évaluer »5 . En effet, il a montré que certaines connaissances même justes arrêtent top tôt les recherches utiles. Il souligne la nécessité d’une relation mutuelle entre la raison et l’expérience 6:
- En se renseignant chez le théoricien sur l’aspect théorique des données qu’il pense coordonnées, l’expérimentateur évitera dans ses interprétations d’être victime de vue personnelle.
- En se renseignant chez les expérimentateurs, sur les circonstances de leurs expérimentations, les synthèses du théoricien cesseront d’être partielles ou même abstraites.

2- La philosophie du Non et ouverture à l’éthique

Ce que nous admiront dans la philosophie du non, c’est la grande volonté de conciliation, la prise en compte de tous les discours scientifiques sur le réel afin de mieux le connaître ; le refus d’un rationalisme fermé sur lui-même, sur une prétendue vérité absolue. C’est ainsi que Bachelard a pu dialectiser dans la philosophie du non le concept le plus fermé de l’histoire : le noumène kantien. Ainsi, de manière concrète, nous avons décelées avec lui qu’en science, le noumène c’est un pan du réel qui n’a pas encore été exploré. En conséquence, le nouvel esprit scientifique n’a donc pas de limite dans le réel, sauf ce qu’il ne peut pas encore appréhender pour l’instant. A ce nouvel esprit scientifique, à cette philosophie du non, nous souhaitons voir s’ajouter un supplément d’âme : l’éthique Levinasienne pourrait l’éclairer à ce niveau pour avoir toujours à l’esprit la dignité transcendante de la personne humaine.
Le corps de la science devient démesurément grand, depuis qu’il dialectise sur l’embryon, l’A.D.N.
Une science, une philosophie de la science, fut elle ouverte, ne saurait véritablement servir l’homme sans sauvegarder sa dignité intrinsèque et transcendante. A une certaine époque l’A.D.N. était un noumène, l’embryon l’était aussi. Toutefois, les manipulations sur génétiques sur ces entités humaines ont causées beaucoup de dégât. C’est le cas du problème des hormones de croissance qui, en France ont causées la mort de beaucoup des jeunes. Les quelques rares survivants sont des débiles mentaux.
Le problème du clonage des humains aura sûrement des problèmes graves sur la paternité et la maternité des hommes issus de cette fabrication. Car ne l’oublions pas que Rabelais disait que ‘‘science sans conscience n’est que ruine de l’âme’’

Conclusion

Parvenu au terme de notre recherche, au cours de laquelle nous nous sommes proposés de comprendre la portée épistémologique de la signification du « non » dans la pensée bachelardienne. Nous avons essayé à travers les concepts de masse, de substance et de la logique non aristotélicienne de poser l’impossibilité de l’affirmation d’une vérité absolue du point de vue scientifique et philosophique. En conséquence, nous avons affirmé avec Bachelard la nécessité de saisir le réel avec les yeux de tous les courants de pensée philosophico-scientifiques. Aussi avons-nous loué cette attitude de conciliation propre à rappeler à l’homme que la raison n’est pas absolue. En effet, comment pourrait-elle l’être si elle est l’attribut de l’être-pour-la-mort ? La situation s’est dénouée de manière progressive par une lisibilité historique des concepts de masse et de substance dans la mouvance des sciences empirico-formels. La non aristotélicienne nous a aussi permis de mieux comprendre que la vérité définitivement constituée n’est pas une sine cure.

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES
BACHELARD G., *La philosophie du non, Paris, PUF, 1940, 154p.
*Le nouvel esprit scientifique, Paris, PUF, 1984,183p.
LECOURT D., Bachelard : épistémologie, Paris, PUF, 1971, 216p.
DITIONNAIRES
CLEMENT E. et All, Pratique de la philosophie de A à Z, Paris, Hatier, 1994,383p.
JACOB A., Encyclopédie philosophique universelle III. Les œuvres philosophiques, Paris, PUF, 1992, 4611p.

[1] Gaston Bachelard, La philosophie du non, Paris, Puf, 1994, p. 135.
[2] Gaston Bachelard, La philosophie du non, Paris, Puf, 1994, p. 22.
[3] Idem
[4] Idem
[5] Ibid., p.25.
[6] Ibid., p.27.
[7] Ibid., p. 30.
[8] Ibid., p. 30-31.
[9] Ibid, p. 35.
[10] G. BACHELARD, La philosophie du non, Quadrige, Puf, 1940, p.53.
[11] Idem, p.60.
[12] Ibid, p.61.
[13] Ibid, p.5.
[14] Bachelard G., La philosophie du non. Essai d’une philosophie du nouvel esprit scientifique, Quadrige/PUF., Paris, 1988, p. 112.
[15] Id.
[16] Ibid., p. 118.
[17].Ibid., p. 122.
[18] Id.
[19] Ibid., p. 109.
1 BACHELARD G., La philosophie du non, Paris, PUF, 1940, pp. 135-136.
2 Idem, p. 137.
3 BACHELARD G., Le nouvel esprit scientifique, Paris, PUF, 1984, p.7
4 BACHELARD G., Le rationalisme appliqué, PUF, 19…, p.3
5 LECOURT D., Bachelard : épistémologie, Paris, PUF, 1971, p.162.
6 Cf. BACHELARD G., Le rationalisme appliqué, Op.Cit., pp.2-3.

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