domingo, 3 de enero de 2010

DOCTRINE SOCIALE DE LEGLISE: EXPOSE SUR LA FAMILLE

DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
EXPOSE SUR LA FAMILLE
Table des matières

II.2. Impact de la famille sur la société. 1
II.3.1. Impact des mutations socioculturelles. 1
II.3.2. Le respect des droits de la famille. 1
III. EVALUATION CRITIQUES. 1
TABLE DES SIGNES ET ABREVIATIONS. 2
INTRODUCTION.. 3
I. FONDEMENTS DE LA FAMILLE.. 3
I.1. Conception biblique. 3
I. 2. Conception du magistère. 4
I. 3. Conception sociale. 5
II. RAPPORTS RECIPROQUES ENTRE LA FAMILLE ET LA SOCIETE.. 5
II.1. Impact de la famille sur l’individu. 5
II.1.1. L’amour comme base du développement de la personne humaine. 5
II.1.2. Le devoir d’éducation. 6
II.2. Impact de la famille sur la société. 7
II.3. Impact de la société sur la famille. 7
II.3.1. Impact des mutations socioculturelles. 8
II.3.2. Le respect des droits de la famille. 9
III. EVALUATION CRITIQUES. 10
III. 1. Considérations positives de la famille actuelle. 10
III.2. Quelques dérives actuelles de la famille. 10
CONCLUSION.. 11
BIBLIOGRAPHIE.. 12

TABLE DES SIGNES ET ABREVIATIONS
C.D.S.E Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise
D.H : Dignitatem humanae
F.C : Familiaris Consortio
Gn : Genèse
G.S : Gaudium et Spes
Lev : Lévitique
L.F : Lettre aux Familles
S.E. : Synode des Evêque
INTRODUCTION
« A notre époque, la famille, comme les autres institutions, et peut-être plus qu’elle, a été atteinte par les transformations larges, profondes et rapides de la société » (F.C.n°1)[1]. Ainsi s’ouvre l’Exhortation Apostolique sur la famille, Familiaris Consortio, du pape Jean-Paul II. En effet, le constat du pape se vérifie dans nos sociétés actuelles conformément aux réalités et aux nouvelles valeurs véhiculées par l’humanité. Si, d’après Carbonnier, « la famille est un groupe élémentaire formé d’individus que relient entre eux des faits d’ordre biologique : Union des sexes, procréation, descendance d’un procréateur commun »[2], de la part de l’Eglise, on peut parler de la famille comme étant une communauté de vie et d’amour, le sanctuaire de la foi et même l’Eglise domestique. Or, compte tenu des mutations socioculturelles de nos jours, la famille a du mal à avoir un visage rayonnant et à assumer ses responsabilités concernant sa progéniture. D’un autre coté, la société, comme partenaire de la famille, n’arrive pas, dans la plus part des cas, à l’aider à mieux se structurer et à mieux fonctionner ; quand elle n’en constitue pas simplement un obstacle. Etant donné que la famille est le cadre par excellence pour le développement intégral de l’être humain, comment la protéger contre les mutations de la société actuelle ? Quelles sont les responsabilités de la famille à l’égard de la société et vis versa ? Quelle interpellation de l’Eglise en tant que Mater et Magistra à l’égard de la famille et de la société ? Notre travail s’articulera autour de trois grands points : d’abord, nous verrons les fondements de la famille sur le plan biblique, magistériel et social; ensuite, nous tablerons sur les rapports entre la famille et la société à travers l’impact de l’un sur l’autre et vis versa ; enfin, nous ferons une analyse et une évaluation en jetant un regard critique sur la société et la famille aujourd’hui.
I. FONDEMENTS DE LA FAMILLE
La famille est un groupe social. C’est l’ensemble des familles qui forme la société. De nos jours, la famille désigne un groupe social formé du père, de la mère et des enfants. Mais qu’est-ce qui la fonde réellement ?
I.1. Conception biblique
Dès la création du monde, la famille existait déjà. Car Dieu, après avoir crée l’homme a trouvé qu’il n’était pas bon qu’il soit seul. Pour cela, il a créé la femme pour lui être une aide assortie. La femme est tirée de l’homme, « c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair. » (Gn 2 : 18 – 24). Si tel est le cas, nous pouvons dire que l’idée de couple existait depuis la création à travers Adam et Eve. Dès lors, chaque fois qu’un homme s’unit à une femme selon la volonté de Dieu, c’est déjà une famille qui se fonde. C’est dans ce sens que Jean Chabot affirme que « la famille est une institution voulue par Dieu lui-même »[3]. C’est pourquoi Dieu, en tant qu’auteur du mariage, fonde la famille sur l’amour et sur la communion.
Ce fondement biblique de la famille sous-tend le regard de l’Eglise catholique sur le mariage, puisque c’est ce dernier qui produit la famille. Le mariage aux yeux de l’Eglise est un mystère, un sacrement, une source de force et de lumière divine. Le mariage n’est donc pas une aventure. Il est sacré. C’est dans cette perspective que Delayé affirme que : « Le mariage religieux est un sacrement qui reflète l’amour réciproque de Jésus Christ et de l’humanité ; un amour éternel et divin »[4]. Voilà pourquoi l’Eglise exige que le mariage soit indissoluble. Elle considère le divorce, la polygamie et l’infidélité comme étant des éléments de nature à causer le désordre aussi bien dans la famille que dans la société. Dès lors, on ne saurait se satisfaire du seul mariage civil qui, d’après Daujat, « est un mariage incomplet, qui est dépourvu de tout caractère religieux »[5].
I. 2. Conception du magistère
D’après l’Eglise, la famille est l’expression première et fondamentale de toute vie humaine. Elle est aussi le fondement de toute société. Dans sa lettre aux familles, le Pape Jean-Paul II montre l’importance de la famille pour tout homme, et précise que « personne n’a le droit d’y échapper car en cas de manque l’homme n’est plus un être socialement reconnu par les sociétés humaines » (L.F.n°2). Le magistère met à la base de la famille, l’union de l’homme et de la femme. Cette union est avant tout un contrant, mais « le contrant qui unit les époux n’est pas un consensus provisoire, il est bien plus un consentement personnel et irrévocable »[6]. En plus de cela, Le magistère pose le mariage comme le fondement d’une famille chrétienne dont la finalité est la volonté de Dieu : « Le fondement de la famille réside dans la libre volonté des époux de s’unir en mariage, dans le respect des significations et des valeurs propres à cette institution qui ne dépend pas de l’homme mais de Dieu lui-même » (C.D.S.E. n°215).
L’amour est un élément incontournable pour garantir cette union. La constitution pastorale Gaudium et Spes qualifie cette union d’"alliance conjugale". Les époux devenus un par cette alliance « s’aident et se soutiennent mutuellement par l’union intime de leur personnes et de leurs activités, ils prennent ainsi conscience de leur unité et de leur approfondissement sans cesse d’avantage » (G.S. n°48). L’essence et les devoirs de la famille sont déterminés par l’amour, d’où l’obligation pour celle-ci d’en être le reflet et la source. C’est dans ce sens que le Pape Jean-Paul II dit : « La famille a la mission de devenir toujours ce qu’elle est c’est-à-dire communion de vie et d’amour dans une tension qui trouvera son achèvement comme toute réalité créée et sauvée dans le royaume de Dieu » (F.C. n°17).
La famille est aussi un lieu de communion de vie entre les membres. Et le Pape Jean-Paul II de dire : « la famille est en effet une communauté de personne, pour laquelle la vraie façon d’exister et de vivre ensemble est la communion "communion personarum" » (L.F. n°7). C’est la communion qui soutient et garantit une famille par l’effort authentique de tous les conjoints. L’Eglise a élaboré les devoirs principaux qui incombent à toute famille chrétienne. Ces éléments sont : la formation d’une communauté de personnes, la famille comme source de vie et de participation au développement de la vie sociale et de l’Eglise (Cf. F.C. n° 18-64)
I. 3. Conception sociale
La société distingue la famille nucléaire et la famille élargie. La première est constituée des époux et de leurs enfants. C’est la famille au sens étroit ou restreint. La famille élargie regroupe toutes les personnes se réclamant d’une même ascendance biologique ou légale, par exemple la famille africaine.
La société, à travers le droit civil, distingue aussi les familles en fonction de la légitimation ou non de l’union des conjoints. Ainsi, l’on distinguera trois sortes de familles suivant la loi[7] :
- La famille légitime, dérivant de l’union des personnes de sexes différents et qui procréent dans le cadre du mariage ;
- La famille naturelle, constituée par une procréation hors mariage ;
- La famille adoptive résulte d’un acte juridique. Elle offre les mêmes droits et les mêmes devoirs que l’enfant légitime à l’enfant adopté.
Toutefois, le droit civil ne reconnaît pas le mariage comme étant un engagement définitif, indissoluble et irrévocable. C’est pourquoi il prévoit et légitime le divorce. C’est là la différence fondamentale entre le mariage civil et le mariage religieux.
II. RAPPORTS RECIPROQUES ENTRE LA FAMILLE ET LA SOCIETE
II.1. Impact de la famille sur l’individu
II.1.1. L’amour comme base du développement de la personne humaine
La famille est le cadre par excellence où l’être humain apprend à se connaître lui-même en relation avec l’altérité. C’est à ce titre que Monseigneur Maurice E. Piat, Evêque de Port-Louis a pu dire : « La famille est une institution vitale pour le développement équilibré des êtres humains »[8]. Ce développement concerne l’homme dans son intégrité. Dans le couple, chaque personne est reconnue, accueillie et respectée dans sa dignité, ce qui la dispose à donner et à recevoir ce qu’on ne peut ni acquérir, ni vendre, mais accorder librement et mutuellement (Cf. C.D.S.E. n°221).
En tant que berceau de la vie, la famille est le milieu où le nouveau né acquiert la conscience de son identité et commence à forger son être rationnel en relation avec ses parents, ceci grâce à l’amour de ces derniers qui le sécurise. Aussi, la présence des enfants consolide l’amour des parents dans la mesure où, en tant que don excellent du mariage, ils contribuent grandement au bien des parents eux-mêmes (Cf. G.S. n°50). En effet, les enfants permettent à l’homme et la femme de s’ouvrir continuellement à la fécondité d’un « nous » toujours plus ouvert à l’autre, fruit de leur amour ; et réciproquement, cette capacité d’ouverture s’opère pour les enfants à l’égard de leurs parents. De ce vécu de l’amour mutuel, nous pouvons affirmer avec l’Eglise que « la santé de la personne et de la société tant humaine que chrétienne est étroitement liée à la prospérité de la communauté conjugale et familiale » (G.S. n°41). C’est dans cette atmosphère de sécurité que l’enfant prend confiance en lui-même et commence à se responsabiliser à travers les différentes tâches qui lui sont confiées dans la famille. Ainsi, la famille répond aux besoins fondamentaux de l’être humain à savoir le besoin d’aimer et d’être aimé, le besoin d’être accueilli et de se réconcilier quand l’unité a été blessée, le besoin de se développer moralement et spirituellement, le besoin d’appartenir à un groupe et d’être identifié culturellement, d’où la nécessité de l’éducation.
II.1.2. Le devoir d’éducation
Les parents sont les premiers agents de l’éducation et sont irremplaçables. Leur devoir d’éducation s’enracine dans l’amour ; amour qui se prolonge dans la transmission de la vie et dans la culture des valeurs éthiques. C’est dans un climat de douceur, de constance, de bonté, de service, de désintéressement, et d’esprit de sacrifice que ces valeurs trouvent leur essor. Nous pouvons souligner notamment le don de soi, la simplicité de vie, la droiture et le sens de la justice car « de source qu’il était, l’amour des parents devient ainsi l’âme et donc la norme qui inspire et guide toute l’action éducative concrète » (C.D.S.E. n°239).
Au sein de la famille, l’éducation est essentiellement transmission des valeurs. Par elles, l’enfant intègre progressivement la société dans laquelle il fera désormais partie car, « à travers l’œuvre d’éducation, la famille forme l’homme à la plénitude de sa dignité sous toutes ses dimensions, y compris la dimension sociale » (C.D.S.E. n°238). L’éducation est avant tout une expérience faite par les parents avec leurs enfants et vice versa, dans la découverte mutuelle. A travers les évènements de chaque jour, les valeurs culturelles, sociales, spirituelles et religieuses nécessaires au développement se transmettent par osmose. C’est dans ce sens que le Compendium affirme : « En exerçant sa mission éducatrice, la famille contribue au bien commun et constitue la première école de vertus sociales, dont toutes les sociétés ont besoin » (C.D.S.E. n°238).
Les parents ont aussi le devoir d’éduquer leurs enfants à la foi. Il est vrai que toutes les religions intègrent en quelques sortes les valeurs de la conscience humaine, mais pour une bonne éducation éthique, il est tout à fait nécessaire que les parents proposent à leurs enfants de croire en Dieu, car « agir moralement sera en même temps dire un « oui » au Dieu auquel on croit »[9]. Pour les parents chrétiens, cette éducation à la foi est encrée dans le sacrement du mariage et leur témoignage de vie. Pour une éducation intégrales, les enfants ont besoin, en plus de l’éducation affective, morale et religieuse, d’une éducation professionnelle pour être des personnes équilibrées et des citoyens accomplis, d’où la nécessité de les envoyer à l’école.
Cependant, les parents restent les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. C’est pour cela qu’ils ont le devoir de choisir pour leurs enfants le type d’institution éducative qui corresponde à leurs convictions morales et religieuses.
II.2. Impact de la famille sur la société
La procréation est un devoir et une obligation pour la famille envers la société car, les hommes et les femmes issus des familles, non seulement sont la société, mais aussi ils en constituent la main d’œuvre. C’est par et grâce à eux que la société existe, fonctionne et se renouvelle. Si la famille n’assume pas la responsabilité de produire des membres pour pérenniser la société, celle-ci est appelée à mourir. Dans Familiaris Consortio, le Pape Jean Paul II affirme : « Le rôle social de la famille ne peut certainement pas se limiter à l’œuvre de la procréation et de l’éducation, même s’il trouve en elle sa forme d’expression première et irremplaçable » (F.C. n° 44).
Les familles isolément ou en association doivent s’intégrer et s’engager dans la vie sociale et politique de leurs cités. La société a besoin de la famille dans ses différentes activités et structures pour fonctionner et se construire de façon harmonieuse et équilibrée. Pour ce faire, « ce sont les familles qui en premier lieu doivent faire en sorte que les lois et les institutions de l’Etat non seulement s’abstiennent de blesser les droits et les devoirs de la famille, mais encore les soutiennent et les protègent positivement » (F.C. n° 44).
La famille est donc la cellule première et vitale de la société. En elle, la nation trouve la racine naturelle et féconde de sa grandeur et de sa puissance : « La famille a des liens organiques et vitaux avec la société parce qu’elle en constitue le fondement et qu’elle la sustente sans cesse en réalisant son service de la vie : c’est au sein de la famille en effet que naissent les citoyens et c’est dans la famille qu’ils font le premier apprentissage des vertus sociales, qui sont pour la société l’âme de sa vie et de son développement » (F.C. n° 42)
II.3. Impact de la société sur la famille
Les exigences de la personne humaine, nées de sa dignité, impliquent la responsabilité de la société à l’égard de la famille. Mais les mutations socioculturelles exercent une influence certaine sur celle-ci.
II.3.1. Impact des mutations socioculturelles
Le progrès de la science et de la technique a entrainé la modification des rapports et des fonctions dans la famille. La robotisation et les progrès de la médecine ont libéré la femme en l’ouvrant à d’autres occupations autres que la procréation : « La fonction de maternité n'est plus celle qui définit l’existence et la finalité de la femme mariée, désormais disponible pour d’autres tâches »[10]. A cela, s’ajoute l’allongement de l’espérance de vie qui oblige le couple à trouver des motivations autres que la procréation pour rester stables dans la durée.
Dans une société « dépersonnalisante »[11], le couple doit quelques fois faire face à la concurrence des centres d’intérêt, extérieurs à la famille, de l’un ou des deux conjoints à la fois (loisirs, profession, politique…). Ces occupations constituent parfois un risque d’éclatement de la cellule familiale, dans la mesure où elles occupent les conjoints et peuvent les attirer jusqu’à les détourner de l’idéal commun au couple.
L’urbanisation, tout en offrant des possibilités de rencontres enrichissantes, fait courir le risque de divergence et de dérive aux membres de la famille, attirés par des centres d’attraction différents. Les media, et notamment la télévision, en sont un exemple : « Elle peut aussi bien regrouper les membres de la famille autour du même spectacle, qu’accentuer par contre la divergence des réactions »[12].
Dans le combat des individus pour la liberté ou contre toute norme imposée de l’extérieur, l’individualisme s’installe dans les mentalités. Au nom de cette même liberté, les familles sont soumises à la dépravation des mœurs à travers les publicités et les films. La libération sexuelle ainsi affichée constitue un risque certain pour la fidélité conjugale et la discipline dans l’usage de la sexualité. En outre, certaines lois civiles tendent à fragiliser le lien conjugal et familial par leur permissivité. Il s’agit d’une « corruption du concept et de l’expérience de la liberté […] comprise non pas comme la capacité de réaliser la vérité du projet de Dieu sur le mariage et la famille, mais comme une force autonome d’affirmation de soi, assez souvent contre les autres, pour son bien-être égoïste » (F.C. n°6). Encouragés par des gouvernements et par certains organismes internationaux, certaines sociétés sacrifient les familles sur l’autel des problèmes sociaux, économiques ou démographiques, à travers des lois immorales sur le divorce, la contraception, la stérilisation, l’avortement, les mariages homosexuels et l’euthanasie, sensées résoudre ces problèmes.
Il se trouve aujourd’hui que la structure familiale est menacée dans ses fondements par des « structures sociales, économiques et politiques qui sécrètent l’injustice, l’oppression et la dépendance » (S.E. n° 4). A cause des idéologies et autres courants de pensée, les jeunes se retrouvent déstabilisés au plus profond d’eux-mêmes. Ainsi ils sont empêchés de se marier et de mener une vie décente. Les modèles de réussite, de beauté, de liberté… bref, les modèles d’homme ou de femme épanouies qui leur sont proposés ne sont pas de nature à favoriser le mariage. Ils sont, pour ainsi dire, victimes d’ « un affaiblissement de l’intelligence et du cœur qui fait écran à la perception du dessein de Dieu sur l’existence humaine » (S.E. ibid.).
La famille, en tant que noyau de la société a plus que jamais besoin d’être respectée dans ses droits.
II.3.2. Le respect des droits de la famille
Les rôles de la famille et de la société s’imbriquent dans la défense et la promotion du bien commun. Mais conformément au principe de subsidiarité, il incombe à la société de reconnaître et de promouvoir la famille en tant qu’elle est une « société jouissant d’un droit propre et primordial » (D.H. n°5) ; par exemple l’Etat doit lui fournir l’aide économique, sociale, éducative, politique et culturelle nécessaire pour répondre à ses obligations.
Pour ne pas être phagocytée par la société, il convient de reconnaître certains droits (Cf. F.C. n°46) à la famille et de les respecter :
- Droit pour tout être humain de fonder une famille et de l’entretenir.
- Droit de la famille à exercer sa mission quant à la transmission de la vie et l’éducation de ses enfants.
- Droit à l’intimité de la vie conjugale et familiale.
- Droit à la stabilité du lien conjugal et du mariage.
- Droit de croire, de professer et de répandre sa foi.
- Droit d’éduquer ses enfants conformément à sa culture et à ses valeurs.
- Droit de jouir de la sécurité physique, sociale, politique, économique.
- Droit à un logement permettant de mener une vie familiale décente.
- Droit d’expression et de représentation devant les autorités de façon directe ou à travers les associations.
- Droit d’association avec d’autres familles pour remplir convenablement sa mission.
- Droit de protection des mineurs contre des drogues nuisibles, la pornographie… par des institutions et des lois conséquentes.
- Droit à des loisirs honnêtes favorisant et promouvant les valeurs familiales.
- Droit de vivre et de mourir dignement surtout pour les personnes âgées.
- Droit, comme famille, à l’émigration pour chercher de meilleures conditions de vie.
III. EVALUATION CRITIQUES
III. 1. Considérations positives de la famille actuelle
Après un parcours analytique de notre thème, que pouvons nous dire en termes synthétiques?
La famille occupe incontestablement une place de choix dans la société. D’une part, elle est une « Institution universelle voulue par Dieu »[13] ; d’autre part, elle doit être un signe visible de l’amour de Dieu. Le discours catéchétique définit les relations internes de la famille en spécifiant à chaque membre ses rôles et fonctions.
D’autres éléments viennent renforcer ces liens familiaux comme : la fidélité, la fécondité.
III.2. Quelques dérives actuelles de la famille
En analysant quelques lignes du « Déclin de la morale ? Déclin des valeurs ? »[14] Avec Raymond Boudon, nous constatons que la société actuelle tend de plus en plus vers une liberté irresponsable et téméraire, au libertinage et à l’approbation de toutes fantaisies.
Aucun sens éthique ne peut être donné à la famille lorsque le mariage est homosexuel et non plus hétérosexuel. Cela constitue des déviances. Pour l’africain, tout au moins, les rapports sexuels homme-homme ou femme-femme restent abominables.
En plus, les expressions « fiancé », « époux », sont substituées par celles de « père de mon enfant », « bureau ». L’idéal d’une relation est résumé dans les sens connotés des mots « chic », « choc », « chèque », traduisant respectivement l’extrême beauté, l’extrême virilité et la capacité prompte à résoudre les problèmes financiers de l’être aimé. De même, les unions libres ou phénomènes de « viens, on reste » semblent être des idéaux de vie. L’ivrognerie a affermi l’escroquerie, l’escroquerie le mensonge, le mensonge le vol, le vol l’intérêt, l’intérêt la considération et l’estimation exclusive de l’autre en fonction de ses biens, au-delà de son humanité. Tout cela nous donne l’impression d’un retour à Sodome et Gomor. Ce n’est qu’une impression parce que nous ne voulons être ni fataliste, ni pessimiste encore moins mécréant.
Il est important, par conséquent, que le message évangélique continue, au-delà de toute réticence, à être transmis aux chrétiens. En outre, même si l’ouverture au monde, à la civilisation planétaire dont l’Internet est aujourd’hui le puissant médium est absolument nécessaire, elle doit être maîtrisée. Ceci « en faveur de la formation d’un camerounais imprégné de certaines valeurs africaines ancestrales dont le rayonnement fait la fierté de l’Afrique »[15].
CONCLUSION
Au terme de notre travail, nous pouvons dire avec le Pape J.P. II que la famille est «la cellule première et vitale de la société » (F.C. n°42). En effet, la famille est la base fondamentale et essentielle de l’organisation sociale. Elle occupe une place de choix dans l’enseignement social de l’Eglise parce qu’elle est non seulement voulue par Dieu, mais aussi parce qu’elle est le lieu indiqué pour faire passer le message évangélique de manière effective. Au-delà de l’influence réciproque qui existe entre la société et la famille, celle-ci reste le moule qui prépare l’individu à vivre avec ses semblables. En son nom, l’Eglise légitime la filiation universelle de tout être humain car, nous sommes non seulement fils de Dieu, mais aussi héritiers de son Royaume. L’image parfaite en est celle de Joseph, Marie et Jésus, même si de nos jours déviances de toutes sortes, dérives profondes et sans éthique la transforme en un simple lieu d’assouvissement de plaisir sexuels. A l’apport de l’Eglise, l’Etat devrait associer une législation avec un souci éthique réel et profond.

BIBLIOGRAPHIE
I. Source
La Bible de Jérusalem

II. Documents du Magistère
CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, Vaticana, Fidélité, 2005, 530 p.

JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique Familiaris consortio sur les tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui, Paris, Cerf, 1981, 191 p.

---------------------, Lettre aux Familles, Paris, Cerf, 1994, 110 p.

SYNODE DES EVEQUES, La famille chrétienne. Message du synode. Discours de Jean-Paul II. Lettre des Evêques français, Paris, Centurion, 1980, 91 p.

VATICAN II, Les seize documents conciliaires, Montréal et Paris, Fides, Collection Pensée Chrétienne, 1967, 671 p.
III. Oeuvres
AUBERT J.- M., Droits de l’homme et libération évangélique, Paris, Le centurion, 1987, 286 p.
BOUDON R., Déclin des valeurs ? Déclin de la morale ? Paris, PUF, 2002, 113 p.
CHABOT. J., La doctrine sociale de l’Eglise, Paris, PUF, 1989, 128 p.
COLL., La société désorientée, P.U.F, Desclée, Paris, 1978, 198 p.
COLL., Gaudium et spes : Bilan de trente années. Rencontre mondiale, Lorette, 9-11 novembre 1995, Cité du Vatican, 1996, 302 p.
COLOMBET C., La famille, Paris, PUF, 1990, 384 p.
DAUJAT. J., L’ordre social chrétien, Paris, Beauchesne, 1970, 547 p.
DELAYE. E., Eléments de morale sociale : Inspirée des principes chrétiens, Paris, Spes, 1939, 198 p.
MVESSO A., Pour une nouvelle éducation au Cameroun. Les fondements d’une école citoyenne et de développement, Yaoundé, P.U.Y, Collection Sociétés, 2005, 139 p.
PIAT M. (Mgr), La vocation de la famille, Lettre pastorale du carême, Yaoundé, C.D.O. 1994. 78p.
[1] Dans notre travail, les références des documents de l’Eglise ainsi que les versets bibliques seront insérés dans le texte.
[2] J. CARBONNIER, « La famille », in Droit civil, T. I, Paris, PUF, 1955, p. 13
[3] J. CHABOT, La doctrine sociale de l’Eglise, Paris, PUF, 1989, p. 50.
[4] E. DELAYE, Eléments des morales des sociétés, Paris, Spes, 1949, p. 50.
[5] J. DAUJAT, L’ordre social chrétien, Paris, Beauchesne, 1970, p. 176.
[6] COLL., Gaudium et spes : Bilan de trente années. Rencontre mondiale, Lorette, 9-11 novembre 1995, Cité du Vatican, 1996, p. 114.
[7] Cf. C. COLOMBET, La famille, Paris, PUF, 1990, p. 13.
[8] Mgr M. PIAT, La vocation de la famille, Lettre pastorale du carême 1994, p. 38.
[9] Mgr M. PIAT, Op.Cit., p. 36.
[10] J.-M. AUBERT, Droits de l’homme et libération évangélique, Paris, Le centurion, 1987, p. 212
[11] Ibid., p. 214
[12] Ibid., p. 215
[13] COLL., La société désorientée, P.U.F, Desclée, Paris, 2003, p. 119.
[14]R. BOUDON, Déclin des valeurs ? Déclin de la morale ? Paris, PUF, 2002, p. 198.
[15] A. MVESSO, Pour une nouvelle éducation au Cameroun, Yaoundé, P.U.Y, Collection Sociétés, 2005, p. 45.

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