domingo, 3 de enero de 2010

COURS DE MORALE EN LICENCE II. A. Academique 2007/2008


GENERALITE

Quel est le contenu de la morale ?

Le sujet de la science morale : la personne humaine.
L’agir humain : raison, volonté, liberté, responsabilité.
Les sources de la moralité : actes, motifs et circonstances. Le bien comme valeur, comme devoir et comme fin.
La norme de moralité : norme subjective (conscience morale) et norme objective (la loi positive et la loi naturelle). L’obligation et la sanction. L’agir vertueux. Le bonheur. Les différents systèmes de morales.

Dans ce cours introductif de la morale, il sera question de présenter les grands approches de la philosophie morale en premier lieu et ensuite, aborder des questions d’épistémologie morale en examinant les discussions anciennes et contemporaines sur la rationalité des valeurs.

OBJECTIFS :

Objectif de ce cours est de nous faire découvrir toutes les problématisations de la philosophie morale déployée historiquement Ce ne sera pas l’histoire parce que nous n’allons pas étudier tous les philosophes de la philosophie morale mais, nous ressortirons toutes problématisations essentielles.



PLAN DU COURS

INTRODUCTION GENERALE :

1. Définir la Morale
2 Définir la philosophie morale

Ière Partie : L’HOMME COMME ANIMAL NORMATIF

1. La question de Socrate : Comment doit-on vivre ?
2. La question de Kant : Que dois-je faire ?
3. La morale comme fait de la passion ou l’appétit général ou le bien (David Hume)
4. Nécessité pratique et raisons internes (Bernard Williams)
5. Libéralisme moral : la fin de la morale

IIème Partie : LES GRANDES ORIENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE MORALE

1. L’approche téléologique : Morale et Souverain- Bien
2. L’approche utilitariste et conséquentialiste
3. L’approche déontologique
4. L’éthique de la vertu

IIIème Partie : LA MORALE COMME METAETHIQUE : LA JUSTIFICATION RATIONNELLE DES JUGEMENTS MORAUX

1. Jugement de valeur et jugement de fait
2. Le rationalisme critique
3. Les « bonnes raisons » du Raymond Boudon
4. Modèles de justification éthique : l’intuitionnisme et le cohérentisme.



BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
¨ Aristote, Ethique à Nicomaque ;
¨ Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.
Critique de la raison pure.
¨ Hume, Traité de la nature humaine.
¨ Rawls, Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1987.
¨ Habermas, De l’éthique de la discussion, Paris, Cerf, 1992.
¨ Catherine Audard, Anthologie historique et critique de l’utilitarisme (3 tomes), Paris, PUF ? 1999.
¨ Luc Ferry, Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Paris, Grasset, 2002.
¨ Monique Canto Sperber, Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, Paris, PUF, 2001.
¨ Raymond Boudon, Le juste et le vrai, Paris, Fayard, 1995.
¨ Hillary Putnam, Raison, vérité et histoire, Paris, Les éditions de minuit ;
¨ Sylvie Mesure(s/dir.), La rationalité des valeurs, Paris, PUF, 1998.



INTRODUCTION GENERALE :

I. DEFINITION DE LA MORALE

I1. LES MŒURS, LE BIEN ET LE MAL

Le terme « Morale » vient du mot latin « mos, moris, moralis » qui signifie mœurs, coutume, habitude (si on s’en tient à l’étymologie) qui sont en vigueur dans un groupe déterminé. Cela signifie agir moralement ; c’est agir conformément à ses coutumes. Tandis que agir de façon immoral c’est agir contrairement aux habitudes, à ce qui est convenu dans une société donnée.

Mais dans un sens plus précis voire restreint la morale ne concerne que ce qui dans les mœurs a trait au bien et au mal ; (car il y a des attitudes qui sont ni bien ni mal). Donc dans ce sens étroit, la morale se définit essentiellement en référence au bien et au mal et englobe un sens de pensées de théories de lois de règles qui sont destinées à régler la conduite humaine à partir d’une représentation du bien et du mal, du juste et de l’injuste. La morale c’est aussi ce à quoi on se réfère pour juger la conduite, pour qualifier l’acte posé. Il s’agit là de nous donner les critères pour qualifier des actes, les attitudes. « La morale est constituée par l’essentielle des principes ou de normes relatives au bien et au mal qui permettent de qualifier et de juger les actions humaines. Ces normes peuvent être les lois universelles qui s’appliquent à tous les êtres humains et contraignent leurs comportements. Il s’agit par exemple du respect dû à l’être humain en tant qu’homme de l’obligation de traiter les individus de manière égale, du refus absolu de la souffrance infligée sans raisons ».[1]

I.2. DEVOIR DE DROIT ET DEVOIR DE LA VERTU

Ici, il est question de définir la morale en la distinguant des autres formes des normativités car la morale n’est pas la seule instance qui prescrit des règles. Il y a par exemple la règle juridique.

Dans la métaphysique des mœurs, Kant propose une distinction entre le devoir de droit et le devoir de la vertu. Il fait d’abord remarquer que dans tout devoir il existe une coercition, une contrainte. Mais toute la question c’est de savoir d’où provient la contrainte ? La contrainte est-elle extérieure ou est-elle exercée par l’agent moral elle-même qui s’impose cette contrainte. Du point de vue de Kant, ce qui détermine de devoir de vertu c’est la contrainte interne. Cela signifie que la contrainte est imposée à l’agent moral par lui-même et de manière autonome.

« Le devoir de vertu est essentiellement différent du devoir de droit en ceci que pour celui-ci une contrainte extérieure est moralement possible alors que celui-là repose uniquement sur la libre contrainte exercée à l’égard de soi-même »[2].

Le droit ne s’en tient qu’à la forme ou condition formelle de la liberté extérieure tandis que l’éthique fournit un objet une fin au libre arbitre, la fin devant être enseignée à l’agent moral lui-même par sa propre raison.

Du point de vue éthique, on peut dire que ma liberté se définit par une fin que je me donne à moi-même ; ce qui fait que mêmes certaines actions mêmes autorisées par loi peuvent même être interdite par ma raison pratique (c’est permis par la loi mais je ne le fais pas car ça ne correspond pas à mes fins.). Le devoir de droit ne s’en tient à la forme alors que celui de vertu s’en tient à la matière, à la fin. En droit je suis formellement libre de respecter la loi, ce qu’elle n’interdit pas. La morale, elle, va au delà pour s’intéresser au contenu de la loi, à sa fin. C’est pour ça qu’une chose peut être prescrite par la loi et être strictement interdite à ma raison pratique : c’est la possibilité d’une contradiction entre ce qui est permis par la loi et ce qui est permis par la raison pratique.

Une autre distinction, toujours chez Kant, c’est que le droit ne s’intéresse que de ce qui est extérieur aux individus. Le droit se préoccupe de garantir la coexistence pacifique entre plusieurs individus. Le droit s’occupe de définir les possibilités, c'est-à-dire de compatibilité entre les différentes libertés des unes comme des autres. Donc, le droit s’applique à indiquer ?????? les qui supposent cette exigence de coexistence pacifique entre les différentes libertés. Il existe une sorte de neutralité axiologique et même métaphysique du droit. Pourquoi axiologique ? Parce que le droit ne s’occupe pas à ce qui concerne de ma conscience morale. Il ne s’occupe pas des jugements d’ordre religieux, du salut des âmes, des convictions morales, convictions religieuses. C’est pour ça qu’on peut dire qu’il n’y a pas de droit que là où ma liberté n’entre pas en conflits avec celles des autres. Une autre distinction chez Kant : « Les devoirs éthiques sont d’obligations larges alors que les devoirs de droits sont d’obligations strictes. »

Explication :

Une obligation stricte indique de façon précise ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire.

Une obligation large par contre ne prescrit pas d’attitudes précises. Et, il appartient à l’agent moral de juger de la manière et des circonstances les plus appropriées pour l’exécution de l’obligation. Exemple : sacrifier à l’autre une partie de mon bien-être sans espoir de compensation. On ne peut pas savoir jusqu’où peut aller ce sacrifice. Kant ajoute : « ce devoir est seulement un désir large : il a un espace de yeux qui lui correspond et qui permet de faire plus ou moins sans qu’il soit possible d’indiquer ici des limites précises. La loi vaut seulement pour les maximes non pour les actions déterminées. » Cf. Métaphysique des moeurs, doctrine de la vertu, p.236

Une dernière distinction de Monique Canto Sperber « les ambitions de la réflexions éthique », Esprit, no 263, 2000, pp.122-123. Le droit est un ensemble d’articles et de règles accompagnées de sanctions, il n’en est pas de même pour la morale. L’acte immoral suscite la désapprobation, l’indignation, le dégoût mais dans l’espace public du moins ce n’est pas en tant qu’immoral qu’il est sanctionné ; il n’est sanctionné que dans la mesure où il est contraire à la loi…Il y a des nombreux actes autorisées par loi qui posent de considérables problèmes moraux.
En somme, la morale se présente historiquement sous trois formes essentielles :
1. Comme ensemble des fins que l’homme se propose d’atteindre. Ce type de morale répond à la question : quel est le souverain -bien de l’homme ? Quelles sont les fins que l’homme doit poursuivre pour réaliser son humanité, pour s’accomplir ? Ici, ce sont essentiellement les morales de l’Antiquité qu’on appelle justement les morales téléologiques (cette morale définit la fin de l’homme et détermine les moyens qui permettent d’atteindre cette fin).


2. C’est un ensemble de valeurs ou de concepts permettant de juger les actions humaines. Exemple ici c’est des concepts comme bien, mal, juste, honnête, bon, etc.…
Il s’agit d’un lexique qui permet de juger les actions humaines. On se dit que les actions humaines sont susceptibles d’évolution ; et c’est à partir de ces différents concepts qu’on parvient ?????? Aussi, ceci suppose premièrement une analyse de ces concepts : par exemple « A quoi renvoie le bien ?

3. La deuxième démarche consisterait à voir l’applicabilité de ces concepts à des actes, à des institutions…
Exemple d’applicabilité : Une institution juste, crime contre l’humanité peut-il s’appliquer à l’esclavage, à la colonisation ?

4. Ensemble de prescription et de proscription sous la forme d’impératif selon le modèle : « Tu dois, il est interdit de … » Exemple de morale correspond à cette forme est la morale kantienne, morale chrétienne. Ici, vivre moralement c’est respecter ces prescriptions.

MORALE ET ETHIQUE

Sont-elles des notions équivalentes ou des concepts différents ? Quand on se réfère à l’étymologie des deux termes, on découvre que ces deux notions recouvrent exactement la même réalité. Parce que mos mors=origine latine de morale et ethos de l’éthique signifie aussi mœurs.

Mais historiquement ces deux notions ont vêtu des acceptions plus ou moins différenciées. D’abord chez les anciens, morale et éthique sont des notions synonymes. Cicéron dit : « parce qu’elle a trait aux mœurs que les Grecs appellent ethos, nous avons coutumes d’appeler cette partie de la philosophie, étude des moeurs (de morbus) mais il convient en enrichissant la langue latine de la nommer morale (moralis) : » Cf. Laurent Jaufro, « éthique et morale », in Notion de philosophie III, Paris, Gallimard, 1995, p. 221.

Au XVIII è S les deux termes sont considérés comme synonymes comme en témoignage cette définition du mot éthique de dictionnaire de Furetière. Ethique c’est nom tiré du grec qu’on donne quelque fois à la morale ou à la science des mœurs qui enseigne à conduire sa vie, ses actions. C’est chez les modernes qu’on voit apparaître une différenciation entre morale et éthique. La morale pour eux, désigne les normes qui sont en vigueur dans une société donnée. Et, éthique c’est la théorie philosophique qui étudie ces normes c'est-à-dire la science qui étudie ces normes.


Dans le Dictionnaire Littré on a cette définition :
Morale : ensemble des règles : objet
Ethique : science de la morale : science
Les contemporains vont maintenir cette distinction à partir d’autres critères. On trouve cette explication chez Monique Canto Sperber : « La morale désigne le plus souvent l’héritage commun des valeurs universelles qui s’appliquent aux actions des hommes ; d’où la connotation un peu traditionaliste qui reste attachée à ce terme. Par contraste, le terme éthique est plus souvent employé pour désigner le domaine le plus restreint dans les actions liées à la vie humaine. En ce sens, il demeure une demeure des reproches de conformisme ou de moralisation porté contre le terme morale ». Cf. Monique Canto Sperber, La philosophie morale, p.7.

La distinction de Paul Ricœur (toujours chez les contemporains) Soi même comme une autre, Paris, Seuil, 1990, (7èet8è études)
Ricœur reconnaît d’emblée qu’en se referant à l’étymologie il n’y a pas de distinction entre les deux notions. Parce que les mœurs (ethos ou mos) connotent à la fois « ce qui est estimé bon et ce qui s’impose comme obligatoire ». Mais par convention, Paul Ricœur préfère considérer l’éthique comme la visée d’une bonne vie et la morale comme étant la traduction de cette visée dans les normes ayant prétention à l’universalité et ayant un caractère contraignant.

Chez les anciens, ajoute Paul Ricœur ; il y a la primauté de l’éthique sur la morale. Quelle la visée d’une vie bonne ? Et ensuite, la morale nous fournit les normes, les commandements des règles qui étant respectés nous permettent d’atteindre cette vie bonne.
Dans sa morale déontologique il y a la primauté de la morale sur l’éthique parce que dans la déontologie c’est l’impératif : « Tu dois, il faut, c’est une obligation. » Dans la représentation des fins ici, est secondaire par rapport à l’obligation de la morale. Kant incarne l’approche déontologique : pour lui, ce qui est première c’est l’obligation, c’est la morale.

MORALE ET DEONTOLOGIE

Le terme déontologie date 1830.Il est crée par Jeremy Bentham et désigne la science de la moralité. Il vient du mot grec « deon » qui veut dire devoir. Le terme désigne aujourd’hui l’étude de ce qu’il convient de faire dans situation sociale donnée en particulier l’ensemble des devoirs liés à une profession »Cf. Monique Canto Sperber , La philosophie morale.

Il ne faut pas confondre déontologie et déontologisme, car le déontologisme est un courant de la philosophie morale qui définit la morale par l’obligation de respecter le devoir. Dire que toute action doit être accomplie par devoir sans aucune prise en compte des conséquences ; c’est appartenir au courant du déontologisme. Donc il se définit par le refus de la prise en compte des conséquences au moment où l’on pose l’action.

II. DEFINITION DE LA PHILOSIPHIE MORALE

C’est la réflexion sur la morale. C’est une réflexion sur les règles des normes de la conduite humaine. C’est une tentative de l’interprétation rationnelle de l’expérience morale des hommes (tout homme a une morale, toute communauté a une morale). Donc l’expérience morale est une donnée sociologique puis qu’on se réfère toujours à des évaluations morales à titre d’exemple : Pourquoi tel a agit de telle manière ? Est-ce que c’est bien ? Et du coup on peut affirmer que la philosophie morale n’est pas la morale. Cela va sans dire mais mieux en la disant. La philosophie morale ne prescrit pas des normes de conduite : « Elle n’est ni moralisante ni moralisatrice. » D »après François Ewald. C’est simplement une certaine manière d’augmenter la morale. Il s’agit de chercher à fonder en raison ce qui est permis.

La morale a-t-elle besoin d’une réflexion de type philosophique ? La morale se pose tant des questions pareilles parce que chaque communauté considère sa morale comme allait de soi. Naturellement, les membres d’une communauté ne sont pas portés à remettre en cause des valeurs morales et n’hésitent pas à les présenter comme meilleur. On parlerait d’un ethnocentrisme morale ; cela signifie l’attitude qui considère son ethnie comme le centre ou la référence de toutes valeurs. Or, la philosophie apparaît là où les choses ne vont pas de soi, là où il y a matière à questionnement. La philosophie naît de la notion d’incertitude c’est -à- dire fissuration, ébranlement dans l’édifice de nos convictions ; ce que d’autre appelle étonnement.

« Au début est la certitude morale : on sait ce qu’il faut faire et éviter ce qui est désirable ou non, bon ou mauvais. Le conflit des morales, la découverte des contradictions à l’intérieur d’une morale (visible seulement après de tels conflits) mena à la réflexion sur la morale. Plus exactement, c’est la perte de la certitude ou son refus qui y conduisent ».cf.P.13.
Si cette philosophie morale n’a pas d’intérêt pour la morale elle-même mais pour la philosophie. Quand le philosophe pense par exemple à la société ; ce n’est pas d’abord pour un intérêt de sa pensée mais tout simplement pour le devoir qui lui revient de penser toute chose. Voilà donc une première manière de justifier la philosophie morale. Mais il n’y a pas de morale qui puisse échapper à la réflexion philosophique. Il n’existe pas de morale qui ne soit pas justiciable comme question philosophique. Quand une morale se présente comme un système cohérent ; cette cohérence, cette stabilité doit être questionnée : au moins suspectée parce que bien souvent la cohérence et la stabilité ne s’obtiennent qu’aux prix d’une certaine tyrannie, insidieuse, sourde. Donc une morale parfaite c’est la fiction. A supposer que cette fiction soit vraie. Il faut encore qu’elle soit fondée en raison, car ce qui est en même temps reconnue comme bon est fondé en raison vaut plus que ce qui n’est pas reconnu comme bon.

Quelque soit l’hypothèse que nous retenons, le rapport de la philosophie morale avec la morale est toujours regardé avec soupçon ; par ce que quand le philosophe remet en question il est considéré comme traître de sa communauté, comme par exemple a été le cas pour Socrate. Et quand il ne contexte, il est considéré comme complice. Voilà la difficulté du philosophe : il est entre la rupture et la conciliation ; tiraillée entre la dissidence et la conciliation ; c'est-à-dire la corruption, la démission parce qu’on s’entend à ce que la raison philosophique soit audacieuse.

PHILOSOPHES DE LA RUPTURE

D’après Platon la justice, c’est l’équilibre, l’harmonie entre les différentes parties de l’âme, de la cité. Parce qu’on parle aussi de l’âme de la cité. Platon est l’exemple et le premier des philosophes de la rupture.
Ordre transcendant des valeurs : Certains philosophes l’appellent droit naturel. Et là, le philosophe rejoint l’homme ordinaire.
-Les utilitaristes avec Jeremy Bentham centrent sur le plaisir ; sont aussi des philosophes de rupture. Il y a aussi Nietzsche qui fait de la philosophie à coup de marteau. Pour lui, toute la morale que nous sont apporté la tradition « appauvrit et empoisonne la vie ».

PHILOSOPHES DE CONCILIATION

ARISTOTE : Il pense qu’il faut prendre les mœurs au sérieux. Condition essentielle pour bien comprendre et vivre la moralité. Il faut une déduction analytique.

KANT : Sa philosophie morale provient de l’idée commune des devoirs et des lois. Pour lui, « la connaissance morale commune est le point de départ de la philosophie morale. » Le philosophe ne fait que traduire, rationaliser systématiser ce qui est déjà présent dans les convictions communes. S’il croit imposer quelque chose, il n’est que prétentieux.

John Rawls : Premièrement, il se présente comme un disciple de Kant. Il en adopte la démarche analytique. Pour lui, comme Kant, il faut partir des jugements bien précis, points fixes, convictions biens ancrées qui doivent fournir le point de départ de toute philosophie morale.
Pour lui, ce que le philosophe propose doit être en équilibre avec convictions enracinées dans une culture. « Le philosophe n’est pas totalement asservi à ce fond commun de moralité, c'est-à-dire la conciliation ; asservissement, aliénation Il y a quand même une certaine démarcation même dans la conciliation. La démarcation quand elle n’est pas rupture est tentative de reformulation, de rationalisation, de systématisation. La réconciliation suppose l’éloignement. » Ici, elle veut montrer que même dans cette conciliation, la démarche critique de la philosophie n’est pas traitée (trahie).

LA QUESTION DU STATUT EPISTEMOLOGIQUE DE LA PHILOSOPHIE MORALE

La morale peut –elle être l’objet d’une recherche à caractère scientifique ? Peut-on fonder rationnellement les valeurs morales ? Est-ce que la morale n’appartient pas au registre de la croyance, des convictions, de la religion ? Peut-on faire une étude rationnelle et scientifique des données morales ?

Cette question est aggravée par le fait qu’il existe une multiplicité d’approche de la philosophie morale. Cela fait qu’il y a l’impression que la philosophie morale a du mal à définir son statut épistémologique.

EXEMPLE D’APPROCHE :

APPROCHE INDUCTIVE

Elle consiste à simplement décrire les règles morales qui existent et ensuite à formuler des hypothèses à partir de ces règles. Il y a une approche de celle-ci. C’est l’approche positive. Elle consiste de ne s’en tenir qu’à ce qui est sans se préoccuper de ce qui doit être. La morale relève du devoir être ; donc la science ne peut pas en faire un objet puisque la science a pour objet ce qui est. On peut également illustrer cette position avec « l’interdit thunien » qui consiste à dénoncer le passage de l’être au devoir être. C’est interdire toute dérivation du devoir être à partir de l’être. Parce que pareille démarche est considérée comme illogique. Donc on ne peut pas déduire des propositions normatives ou prescriptives à partir des propositions descriptives. La philosophie opère souvent cette démarche, HUME déclare qu’elle est illogique.

La morale ne relève pas de la raison mais du sentiment. Elle repose sur le sentiment d’approbation ou de désapprobation, du plaisir ou de déplaisir : il n’appartient pas à la raison d’établir ce qui est vertueux, vicieux. Est vertueux ce qui provoque un sentiment de déplaisir, ou de désapprobation, ou d’insatisfaction. Donc les actes moraux ne relèvent pas de la raison. « La raison sert à découvrir la vérité ou l’erreur. La vérité et l’erreur consistent dans l’accord et dans le désaccord soit avec les relations réelles des idées soit avec l’existence réelle et les faits réels. Donc, tout ce qui n’est pas susceptible de cet accord ou de désaccord ne peut être l’objet de notre raison. » Cf. D. Hume, Traité de la nature humaine.

Il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mon doigt.» Ce n’est contraire à aucun des critères du vrai et du faux que nous avons défini… Cette proposition ne peut être jugée que moralement et non du point de vue de la morale. Le problème de Hume est montré qu’on ne peut pas fonder la morale sur la raison mais sur le sentiment.

AUTRE APPROCHE :

LE RAISONNABLE OU LE VRAI

C’est une approche qui consiste à dire que si les jugements moraux ne peuvent pas être qualifiés du vrai, ils peuvent quand même être qualifiés de raisonnable ou de déraisonnable. C’est philosophe Belge Chaïm Perelman qui dit : « Une action n’est jamais vraie ou fausse ; ce sont les propositions qui peuvent êtres vraies ou fausses. Une action peut être approuvée ou désapprouvée ; critiquée ou justifiée, opportune ou inopportune ; raisonnable ou déraisonnable ». Cf. Introduction historique à la philosophie morale, Bruxelles, Ed. De l’université de Bruxelles, 1980, p.12.

L’APPROCHE ANALYTIQUE

Elle a été développée essentiellement dans la philosophie contemporaine en particulier dans le domaine Anglo-Saxons. Elle consiste à analyser des concepts moraux qui rendent compte de la morale dans les sociétés. C’est une analyse qui se veut rationnelle et qui emprunte à la linguistique et à la philosophie analytique. Descartes dit de fournir une morale provisoire. Il faut changer ses pensées plutôt que de changer l’ordre du monde. Wittgenstein prône le silence. Pascal dans ses pensées invite à se tourner vers la révélation, vers Dieu. Tout ceci prouve que fonder la morale est une tache difficile.

Tout crime a toujours quelques aspects positifs. Tu ne peux pas s’appuyer sur ça pour légitimer le mal. Les Américains ne sont pas contre le fait de se reconnaître l’esclavage comme un crime contre l’humanité mais plutôt du devoir de réparation qu’on leur demande. La raison qu’ils avancent est que l’esclavage dû et toujours considéré comme un crime. On ne peut donc pas à une certaine période de l’histoire exiger de réparation.

CHAP. PREMIER : L’HOMME COMME ANIMAL NORMATIF

Pourquoi devons-nous agir moralement ? Pourquoi il y a la morale plutôt que rien ? Cette question suppose d’emblée une réalité sociologique. Le fait sociologique c’est que la morale fait partie des choses que chaque individu apprend en se socialisant. Chaque individu naît dans une société où il y a une morale ; certain nombre de règles, et, il les apprend en même temps que toutes les autres choses. Autre fait c’est que les choses se posent toujours des questions normatives « Que dois-je faire ? Qu’aurais-je dû faire ? Quelles sont les limites de mes actions ? Jusqu’où puis-je aller ? N’aurais-je pas mieux fait de… ? Est-ce bien la fin souhaitable ? Etc. Cf. . Monique Canto Sperber, La philosophie morale, Coll. Que sais-je ? pp3-4.
Là sont des questions qu’on pose aussi par rapport aux autres. Puisque nous jugeons toujours les actions des autres, nous ne sommes pas seulement les témoins. C’est quasi spontanément que nous jugeons : c’est bien ! C’est inacceptable ! Nous éprouvons soit un sentiment de culpabilité par rapport à nos propres faits et d’indignation par rapport aux crimes commis par rapport aux autres.
Je pourrais définir un être humain comme un être susceptible de culpabilité et d’indignation. Notre caractère tient de l’hérédité et de notre histoire.

LA QUESTION DE SOCRATE : REPUBLIQUE, I, 352d.

Comment doit-on vivre ? Cette question apparaît au cours d’une conversation entre Socrate et Thyrasmaque à propos de la justice. Socrate essaye de montrer à Thyrasmaque que leur discussion porte sur une question morale fondamentale : la question de savoir comment vivre. Cette question résume l’exigence de l’interrogation éthique en générale. Il s’agit de savoir comment on doit mener la meilleure vie possible, où sont les conditions pour mener une vie bonne. C’est d’ailleurs la question qui a inspiré Luc Ferry dans le titre de son ouvrage Qu’est- ce qu’une vie réussie ?

Pour Bernard Williams la question de Socrate est le meilleur point de départ de l’éthique. C’est cette question qui a guidé toute la réflexion éthique dans l’antiquité. Pour Socrate, s’interroger sur la manière dont on doit vivre est aussi essentiel que philosopher pour Descartes.



ANALYSONS LE CONTENU DE LA QUESTION DE SOCRATE

Dans la question il y a le pronom indéterminé « on » qui se situe le problème du bien, vivre au-delà de la sphère de l’individualité et de l’ego. Cela signifie que c’est tout sujet qui est interpellé par la question : chaque individu doit certes répondre à cette question. Autrement dit, il doit essayer recommencer la question vers lui. Même par cette déclinaison (« on » en « je ») ; la question centrale demeure. Comment chacun doit-il vivre ? Même en remplaçant le « on » par « je » il s’agit d’un « je impersonnel ». Ce n’est pas un individu préoccupé par ses familiaux, sa réussite sociale, économique ; ce n’est l’individualité empirique. C’est comme dit Jankélévitch un sujet « méta empirique ». C’est l’individu en tant qu’il est dans son individualité même un représentant de l’humanité, une concrétisation de l’universel (ma particularité est particularisation de l’universel. Et c’est cette quelque chose de l’universel que je cherche à réaliser à travers moi). Chaque individu est la traduction dialectique de l’universel et du particulier. Je suis cet individu, voilà l’ipséité.

Eric Weil parle donc de la décentralisation ou du dédoublement de chaque individu. Et le problème de différence se pose ici. La réponse qu’Eric Weil donne est celle d’éviter l’arbitraire et viser l’universel. Il fait faire en sorte que ma réponse même si elle n’est pas la réponse de tous qu’elle puisse être jugée par tous comme était raisonnable. (« Je ne ferai pas comme ça mais je vous comprend »)

La question de Socrate dépasse aussi l’aspect de la quotidienneté. Il ne s’agit pas de voir comment réussir dans tels ou telles circonstances. Pas les meilleures recettes pour réussir dans toutes les circonstances comme le faisaient les Sophistes. Il ne s’agit pas non plus du culte de la performance ou de la réussite sociale qui alimente nos rêves diurnes et nocturnes ; du souci narcissique et illimité du pouvoir, de l’argent et de la reconnaissance d’autrui.

La question de Socrate est encore valable au niveau de l’éthique contemporaine. Ex. : L’enquête faite en France en 2001 par le Journal Le Point. Qui est celui qui a le plus réussi sa vie ? Réponse ayant obtenue le plus obtenue de suffrage : Mère Thérèse. Cette de Socrate renvoie à la vie entière. Elle n’est pas liée à une circonstance particulière. Il s’agit de se situer au-delà des aléas de la fortune parce que le hasard est toujours capable de détruire même les vies les mieux élaborées. Personne n’est à l’abri d’un revers de fortune. Personne n’est à l’abri de sécurité matérielle, affective,…même telles vies peuvent être déstabilisées par la fortune. Par cette question on apprend à se situer au-delà de l’aléatoire, par delà l’imprévisible. « La question de Socrate revêt une importance spécifique en raison de la distance quelle entretient avec toutes les occasions effectives et particulières de considérer ce qu’il faut faire. C’est une question générale sur ce qu’il faut faire parce qu’elle se demande comment il faut vivre et c’est également en un certain sens de question intemporelle en ce qu’elle m’invite à penser ma vie en générale et non à tel moment de son cours. » Bernard Williams, l’Ethique et les limites de la philosophie, Paris, Gallimard, 1990, p26.
Pour approfondir le sens de la question de Socrate, il faut aussi considérer la réponse que Socrate fournit lui-même à cette question essentielle. Il faut rappeler que le contexte de cette question et de cette réponse est un contexte marqué par l’érosion de la morale traditionnelle opérée par les Sophistes. Ils remettent en causes les fondements dans le sens mythique, métaphysique, religieux, …Il appartient à l’homme de trouver lui-même la solution à ses problèmes car « l’homme est la mesure de toute chose. » Chacun doit trouver à ses risques et ses peurs le sens de son existence. Chacun doit autant que possible maximiser ses chances de réussite de sa vie. Pour les Sophistes, la justice, la vérité ne sont pas des valeurs en soi, plutôt de convention arbitraire (qui a dit que la vérité était une bonne chose ?)

La réponse de Socrate dans la République/ dans la Gorgias où Socrate discute avec Thyrasmaque et Caliclès sur la justice, le bien, le bonheur. Ces deux grands auteurs sont représentants de la sophistique. Pour eux, la justice est l’intérêt du plus forts (dans les règnes végétales et animal, cela va s’en dire. Et preux cela s’applique aussi dans le règne des êtres humains) et l’homme juste est toujours plus malheureux que l’homme injuste. Donc pour les Sophistes on se fait plus de mal en voulant être juste. Pour eux, pourquoi se faire tant de mal ? Il faut laisser que les désirs prennent toutes les extensions possibles parce que les lois nous empêchent de vivre (ils enseignent à la jeunesse de ne pas croire à la justice, à la vérité, au bien.

Socrate intervient pour montrer la trop courte vue des Sophistes. Pour Socrate on a intellectuellement tort de confondre le bonheur avec la satisfaction des désirs ponctuels. Il montre que l’homme de désir est un être insatiable. Il n’ y a pas un moment où l’homme du désir dit : « maintenant je suis épanoui, je sui satisfait » Pour Socrate, il ne s’agit pas de procurer les satisfactions aux plaisirs éphémères. Il faut viser l’accomplissement total qui ne se manifeste pas véritablement qu’à la fin de notre parcours existentiel : on est vraiment heureux qu’à la fin de notre vie…

Pour Socrate, la seule réponse qui convient c’est prendre soin de son âme c'est-à-dire garder son âme de toute contamination qui vient du désir du corps. Pour lui, et Platon, le corps est le tombeau de l’âme, les passions ensorcellent l’âme. Il faut éviter aussi l’injustice plutôt que de la commettre. » Et quand on l’a commis il faut se soumettre à une sanction expiatoire. Platon termine la partie de l’argumentation rationnelle de son discours par le recours aux mythes eschatologiques (République X) dans le Gorgias à la fin du cours. Ces deux mythes eschatologiques montrent que la partie de la justice va au-delà du monde sublunaire. Et c’est dans ce monde sublunaire qu’on trouve le fondement ultime de la question « comment doit-on vivre ?»

Chez les Grecs, il y a une double conception de la justice : justice individuelle qui peut se concrétiser par le regret et le remord et la justice publique qui nécessitait la sanction publique. Le sens de la vie de Socrate se dévoile dans sa mort et dans les circonstances de sa mort. Les raisons de vivre peuvent encore mieux se dévoiler dans les raisons de mourir. Justice, piété, vertu, … ce sont les valeurs auxquelles Socrate a cru toute sa vie. Il a été fidèle à l’exigence de justice. Le comment doit-on vivre doit nous conduire vers une au-delà de la mort. Cf. Le Criton l’a proposée des lois (même en morale la connaissance erronée oblige ?) Ce qui se passe chez les fondamentalistes.

Le dualisme de Kant consiste à dire que nous appartenons au monde intelligible par notre raison et au monde sensible par notre corps. Descartes dit que les passions ne sont ni mauvaises. Ca dépend de l’usage qu’on en fait. Hegel dit la passion est la ruse de la raison. Rien de grand ne se fait sans passion, il existe des philosophes qui ont vraiment une vision négative des passions (Socrate, Platon, Kant) ; dans un acte il y a l’aspect matériel et l’aspect d’intention : ce n’est que l’aspect intention qui fait la moralité de l’acte.

LA QUESTION DE KANT

Kant a ramené à quatre grandes questions les principales interrogations de l’homme :

1) Que dois-je faire ?
2) Que n’est-il permis d’espérer ?
3) Que puis-je savoir ?
4) Qu’est-ce que l’homme ?


C’est le « Que dois-je faire ?» qui pose le problème de la moralité. La réponse à cette question se ramène aux thèses suivantes :
- agir moralement c’est agir par devoir
- agir par devoir c’est agir par respect pour la loi morale
- la loi morale se présente sous la forme d’impératif catégorique : « agir de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle. » La question est la suivante : « D’où proviennent ces exigences ? Quel est ce genre d’impulsions qui nous pousse à agir ainsi ? Pour répondre à cette question, il y a 4 hypothèses que nous allons voir maintenant.

Première hypothèse :. LA CONVICTION MORALE :

Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant soutient premièrement qu’il y a une raison pratique commune à tous les hommes. Il y a une sorte de consensus ou de conviction commune sur le fait que la bonne volonté est la seule chose qui puisse être tenue par bonne sans restriction. En outre, personne ne considère comme était juste le fait qu’une personne heureuse soit dépourvue de bonne volonté.

Deuxième hypothèse : L’ARGUMENT FINALISTE :

La raison n’a pas d’autre finalité que de nous conduire vers la moralité. En réalité, l’homme peut poursuivre plusieurs espèces de fins. Par exemple rechercher son plaisir, son bonheur personnel ; ce sont des fins subjectives. L’homme peut aussi viser le bien de l’humanité ou encore des fins qui sont communes à l’espèce humaine et même à l’espèce animale. Par exemple la santé.

La volonté humaine est dite par plusieurs espèces de mobiles : il y a de mobiles empirique, des mobiles rationnels. Pour réaliser des fins subjectives l’homme n’a pas besoin de mobiliser sa raison. Donc si ces fins subjectives et même générales ne peuvent pas être réalisées par la raison, cela signifie que la raison nous a été accordée pour autres choses. C’est pour des fins objectives. Elle n’a d’autre finalité que de nous conduire vers la moralité. Les fins subjectives relèvent du monde sensible ; pour notre sensibilité ; nous sommes beaucoup plus enclin à rechercher notre plaisir, notre désir … Le seul rapport entre les deux mondes est celui de l’imposition des impératifs du monde intelligible au monde sensible.

Troisième hypothèse : LA LOI MORALE COMME FAIT DE LA RAISON :

« La loi morale nous est donnée en quelque sorte comme un fait de la raison pure dont nous avons conscience à priori et qui est apodictique même certain quand même on admettrait qu’il est impossible de trouver dans l’expérience un seul exemple où cette loi fut exactement suivie ». Critique de la raison pratique, Paris, Gallimard, p. 74.

La loi morale est une sorte de donnée immédiate de la conscience. Elle n’a pas besoin d’être apprise. Les hommes considèrent d’emblée la loi morale comme une source d’obligation. Et il s’agit d’une capacité qui est commune à tous les êtres humains. C’est pourquoi cette exigence n’a pas besoin d’être justifiée. Tout être raisonnable est conscient de ce que la loi morale est autorité régulatrice.

« Notre conscience de la loi morale / par le biais de l’impératif catégorique est présente dans nos pensées, nos sentiments et nos jugements moraux de touts les jours. Et cette loi est reconnue au moins implicitement comme faisant autorité par la raison ordinaire. » Cf. J. Rawls, Leçon sur l’histoire de la philosophie morale, Paris, PUF ? 2002, p.267.

Quatrième hypothèse : LE SENTIMENT MORAL ET CONSCIENCE MORALE :

Ici il faut se référer à la doctrine de la vertu pour voir ces arguments indiquant la présence de qualité morale chez l’être humain qui détermine sa réceptivité au concept du devoir. C'est-à-dire que nous sommes presque naturellement disposés à accueillir la loi morale. Tout homme en tant qu’être moral, a en lui originairement un sentiment moral. Cf. Métaphysique des mœurs de Kant.

S’agissant maintenant de la conscience morale, il s’agit aussi d’une donnée originaire. La conscience morale se définit comme la raison pratique représentant à l’être humain son devoir dans chaque cas où intervient une loi que ce soit pour l’acquitter ou pour le condamner.




DAVID HUME : L’APPETTIT GENERAL POUR LE BIEN

Cf. Traité de la nature humaine, Livre 2

C’est dans les passions de la conscience morale, il s’agit aussi d’une donnée originaire. La conscience morale se définit comme : « la raison pratique représentant à l’ être humain son devoir dans chaque cas où intervient une loi que ce soit pour l’acquitter ou pour le condamner.
C’est dans les passions que se trouve la clef de la compréhension de la moralité. Le fondement de la morale ce sont les passions. Hume est à peu près contemporain de Kant. Si Kant a essayé de fournir une explication rationaliste de la morale ; Hume par contre cherche les fondements de la morale dans les passions. Autant chez Kant on parlera de la morale dans les limites de la raison autant chez HUME on parlera de la morale dans les limites de passions.

Chez HUME les distinctions morales : le bien, le mal, les vertueux, les vicieux, le juste, l’injuste… ne proviennent pas de la raison. Elles proviennent en revanche d’un sens moral qu’il faut définir en termes de passion. Il existe fondamentalement deux catégories de passions / Il y a des passions calmes et des passions violentes. Parmi les passions calmes, il y a la bienveillance, l’amour de la vie, la tendresse pour les enfants, l’appétit général pour le bien, l’aversion pour le mal. Parmi les passions violentes, il y a le désir de punir ses ennemies et de faire plaisir à ses amis, l’orgueil, la haine, la malveillance, etc.…L’appétit pour le bien est ainsi cité : « l’esprit par l’instinct originel tend à s’unir au bien et à éviter le mal ». Cf. Traité de la nature humaine, Garnier Flammarion, p.296.

Hume nous avertit aussi du risque de confondre les passions calmes avec les passions rationnelles d’où la difficulté à déterminer la nature réelle de l’appétit général pour le bien. Mais d’après Hume, la raison ne peut pas déterminer l’être humain à agir moralement.

BERNARD WILLIAMS : NECESSITE PRATIQUE ET RAISON INTERNE

Dans son ouvrage l’Ethique et les limites de la philosophie, la question principale est de savoir la valeur et la pertinence d’une justification rationnelle de la moralité. A quoi sert une justification de l’éthique ? Est-ce qu’une justification rationnelle de la morale peut –elle inciter une personne à agir moralement ? Qu’est-ce qu’on peut répondre à une personne morale ?
-Amorale se situe en marge de la morale, ce qui ne signifie pas qu’on est contre la morale ; c’est une sorte d’indifférence. Pour un amoraliste, qu’est –ce que cela pourrait bien changer s’il y avait une justification philosophique de la vie éthique ? Prenons l’exemple de Socrate essaya de convaincre Thyrasmaque dans la République et Calliclès dans le Gorgias. Dans ces exemples, Socrate essaie de donner une justification rationnelle à la moralité. Il avait mieux de subir l’injustice que de la commettre. La justice n’est pas une valeur en soi pour Thrasymaque. Quand on peut agir de façon malhonnête, on n’hésite pas de le faire.
Autres arguments : regarder autour de vous, les bonnes injustes sont heureux alors que les justes sont malheureux.

Les deux textes de la République et du Gorgias se terminent de la même manière : invocation des mythes eschatologiques. Mythes font appel à la croyance, à la foi une sorte de sensibilité religieuse car la rationalité stricte n’y adhère pas. Donc la justification rationnelle de l’agir moral quand elle n’est pas échec est tout au moins une justification limitée. Est-ce qu’on peut penser que celui qui agit immoralement est incohérent avec lui-même ? On pourrait dire que être immoral c’est agir de manière incohérente.

Pour Bernard Williams est-ce donc possible de recourir à ce type d’argument ? Non, car l’exigence de cohérence n’est pas aussi décisive que l’on croit. On peut même ajouter que l’homme immoral peut être cohérent avec lui-même peut opter pour l’incohérence.

Bernard Williams rejette l’approche kantienne qu’il considère comme étant trop abstraite i.e trop rationnelle (la loi morale chez Kant est un fait de la raison). Bernard Williams préfère l’approche des philosophes comme Aristote et dans une certaine approche mesure Nietzsche.

Ces deux auteurs illustrent déjà une approche qu’on peut dire subjective et même existentialiste i.e enracinée dans le vécu des individus. Cette approche renonce à chercher la validité objective des théories morales. Il s’agit de s’intéresser à la subjectivité de l’agent moral i.e son caractère, des désirs, ses émotions, les conditions socioculturelles de son existence plutôt que l’obligation morale de la manière kantienne, Bernard Williams propose de considérer les raisons internes d’agir : ce qu’ on appelle l’ internalisme.

Dans la subjectivité humaine, il y aurait quelque chose susceptible de conduire l’être humain à la moralité. Notre subjectivité n’est pas à priori mauvaise dans la théorie morale. Il est possible d’après Bernard Williams de trouver toutes des ressources de l’agir moral dans les motivations humaines. Et il est plus facile d’obéir aux motivations internes qu’aux obligations externes. Ceci fait penser à David Hume. Pour qu’une raison d’agir soit déterminante il faut qu’elle corresponde aux motivations intrinsèques. La raison pure ne peut pas être pratique (critique adressée à Kant). S’il faut fonder la moralité sur la motivation, n’y a-t-il pas risque d’arbitraire, de relativisme, d’égocentrisme ? La réponse de Bernard Williams ici, est de dire que la motivation est subjective sans nécessairement être arbitraire. A partir des motivations, les idéaux personnels on peut dégager des idéaux objectifs.

Tout agent moral est capable de confronter ses désirs ou ses motivations est éventuellement de les modifier pour les conformer à des idéaux acceptables. C’est donc par une démarche interne que l’agent le fait. Une éthique sans point de vue moral d’A. Duhamel. Dans cet ouvrage, il critique la morale de Bernard Williams qui est une éthique sans normes, sans obligations. Les valeurs idéales dont parle Bernard Williams n’ont aucune valeur normative. Donc, qu’est-ce qu’une éthique sans théorie morale a un sens ? Quelle est donc cette théorie morale qui rejetterait toute normativité, toute obligation pour ne s’en tenir qu’aux motivations ?

LE LIBERALISME MORAL : LA FIN DE LA MORALE

Le libéralisme c’est une doctrine qui défend les libertés individuelles contre toutes les structures d’aliénations qu’on peut trouver par exemple dans les institutions politiques, économiques, religieuses, cultures.
C’est aussi l’attitude de neutralité des institutions publiques en face des différentes conceptions du bien.

L’époque moderne se caractérise par la montée en puissance du libéralisme :

¨ Politique (affirmation des libertés individuelles contre le pouvoir de l’Etat).
¨ Economique : les expressions qui le transcendent sont par exemple le laisser faire : la non interventionnisme car cette économie est considérée comme moins performante. Donc morale au sens de l’autonomie individuelle : chaque individu se donne à soi même les normes, les codes de son existence et de sa conduite. C’est l’individu dans ipséité qui est autonome.


Ici, les valeurs traditionnelles ne constituent plus des références obligatoires. Il en va de même des valeurs transcendantes : c’est l’ère de désenchantement le monde expurgé de toutes les références, religieux, mystiques, mythiques qui lui donnait un sens. La nature ne proclame plus la gloire de Dieu. La nature obéit aux lois purement mécanistes qu’étudie le physicien. Le langage de la nature est mathématique.

Dans la modernité, chacun a le droit de conduire son existence comme bon lui semble, de disposer sa vie, de son corps comme bon lui semble. Le libéralisme moral c’est aussi la libéralisation des mœurs. En Mai 1968, tout devient permis sauf l’interdit : la nouvelle morale c’est cette autonomie. Ici, il s’agit de réconcilier les valeurs avec le plaisir. Ceci vise à éviter toute mutilation du sujet. C’est une morale indolore, axée sur l’intérêt bien compris du sujet. C’est une morale qui n’a de limite que le respect des droits des autres.

¨ Religieux : C’est aussi ce qu’on appelle la tolérance : je ne tue pas l’autre parce que’ il ne croit pas au même Dieu que moi (Cf. John Locke), donc je crois en quoi je veux.

QUELQUES THEORISATIONS

Jean Paul Sartre : « L’existence précède l’essence ». L’homme est ce qu’il se fait. Chacun se définit, son existence doit exprimer son essence.
Louis Dumont, Essai sur l’individualisme. Lui, il oppose la société moderne et société contemporaine. Dans la première, c’est le règne de l’hétéronomie. Le moderne c’est la rupture avec cet ordre traditionnel et affirmation de l’autonomie individuelle. Ce n’est plus la tradition qui compte mais l’autonomie. C’est le règne de la démultiplication de normes.

Gilles Lipovetsky, Le crépuscule du devoir
L’ère du vide
Alain Renaud, L’ère de l’individu
L’Individu


Gilles Lipovetsky, Le crépuscule du devoir dispose 3 ages de la mémoire :
L’Antiquité- siècle de lumière- assujettissement de la morale à la religion.
4700-1950(milieu du XXè s) : Premières vagues de l’éthique moderne laïque, émancipation de la morale de la religion mais en même temps conservations de ses structures essentielles.


Exemple :
Notion du devoir et de l’impératif, le sacrifice de soi considéré comme une valeur, le désintéressement, l’abnégation
La valorisation de l’autonomie individuelle : à partir de 1950, on peut dire réconciliation de la morale avec le désir.


Peut-on donc identifier cette libéralisation avec la fin de la morale ?
Premièrement : il ne s’agit pas de la fin de la morale axée sur l’autonomie individuelle.

Deuxièmement : Cette libéralisation suscite paradoxalement un besoin de morale. Et, empiriquement à une sorte de retour de la morale.
On a l’impression que l’affirmation de l’autonomie individuelle et tout le reste plonge dans une sorte de « malaise de la modernité » comme le dit Charles Taylor. Pour ce dernier, on trouve toujours des modèles d’identification préexistant. On croit qu’on invente parce qu’on veut inventer alors qu’en réalité il n’en est rien. Personne ne peut être soi même. C’est une fonction anthropologique. Dans ce malaise, les modernes d’après Charles Taylor sont obligés de revenir chez les anciens.

AUTRES ARGUMENTS :

Notion ébranlement des espérances qui avaient étés placées dans la science et la technique considérées comme les principaux moyens d’épanouissement. La science et la technique soulèvent des questions morales au fur et à mesure qu’elles se développent, la science et la technique soulèvent des questions morales. Cf. Hans James, Le Principe de la responsabilité.

Jacques Testant, plaide pour une logique de la non découverte scientifique.
« Il faut davantage prêter l’oreille à la prophétie du malheur qu’à la prophétie du bonheur. »
- Le malaise du polythéisme des valeurs et de la difficulté à trouver des réponses communes à certains problèmes.
-La permanence du mal, l’omniprésence de l’intolérable : la violation, massive des de l’homme, la violence, le terrorisme, le génocide.




IIè Partie : LES GRANDES ORIENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE MORALE

1. L’APPROCHE TELEOLOGIQUE : MORALE ET SOUVERAIN BIEN

Les morales téléologiques sont celles orientées vers la recherche et la réalisation d’une fin (telos). C’est pratiquement toutes les morales anciennes correspondant à cette approche. Et même un peu jusqu’au Moyen-âge avec St Thomas d’Aquin. C’est à la Renaissance qu’il y aura changement. Elles se définissent par la quête du souverain bien de l’homme : bonheur et béatitude.
Alasdair Macintyre dans son ouvrage Après la vertu, propose une schématisation de la morale des Anciens en trois moments :
Ø L’homme tel qu’il est
Ø L’homme tel qu’il pourrait être
Ø L’éthique ou la science qui analyse la manière de passer du premier au deuxième moment i.e de 1&2. Il y a une sorte de distance morale, métaphysique et anthropologique entre l’homme tel qu’il est et l’homme tel qu’il est appelé à être.
Dans une morale téléologique, la fin de l’homme c’est réaliser son accomplissement : ce qu’il doit être. L’éthique à la fois par ses prescriptions et ses proscriptions aide l’homme à atteindre sa vraie fin. Tel est schéma de toutes morales téléologiques depuis les anciens grecs jusqu’à St Thomas d’Aquin.

PEUT –ON CONSIDERER LES MORALES TELEOLOGIQUES COMME UNE SIMPLE TECHNIQUE DU BONHEUR ?

Les morales téléologiques sont considérées comme ces toutes les morales orientées vers une la recherche et la réalisation d’un telos (fin). Elles font l’ensemble de ces philosophies anciennes qui ordonnent la morale à la question du souverain bien. Les philosophes antiques ont cherché donc à savoir quelle est l
a fin de la nature humaine ? Quelle est la morale qui convient à cette nature ? Quel le bien pour lequel l’homme est fait ? Mieux pour quel est le vrai bonheur pour l’homme ? Le bonheur, de ce fait, a été défini comme étant la recherche parfaite de la vertu. Autrement dit, la recherche de cette disposition habituelle qui permet à l’homme de faire, de réaliser un acte moral. Si le bonheur est défini comme étant cette activité conforme à la vertu, celle-ci peut-elle être considérée comme un seul moyen pour accéder au bonheur ? Autrement dit, les anciens qui prônent les vertus morales comme la justice, la tempérance, le courage, la prudence, la béatitude …. Pour parvenir au souverain bien, ces bonnes habitudes pour bien agir peuvent-t-elles être des seules manières d’agir pour accéder à une vie heureuse?

La plupart des philosophies anciennes ordonnent la morale à la question du souverain bien. Cette pensée traditionnelle ne voulait que donner sens à la vie de l’homme à partir de la morale orientant au bonheur de l’homme dans la cité. Elles voulaient donner une réponse aux questions « de quelle fin l’homme doit s’orienter ? Vers quel sorte de bonheur l’homme doit tendre ? Pratiquer la justice ou l’injustice ? Comment peut-t-il bien vivre, bien être, bien agir dans sa localité de vie ?

Pour Platon, la seule source du bonheur est la vertu. Celle-ci est la condition nécessaire pour le bonheur. Il faut renoncer à l’opportunisme et à l’immoralisme des sophistes. C’est la justice qui est le sommet de toutes les vertus. Pour ce donc, Platon s’insurge contre la mauvaise foi de Calliclès et de Thrasymaque qui pensaient que « Partout les tyrans et les hommes méchants (injustes) sont le plus heureux des hommes, … puisque la justice est la pratique des gens faibles, qui ne peuvent pas agir par eux-mêmes. » [3] Pour lui, ces personnages ne représentent que des personnes qui courent derrière la satisfaction de leurs passions alors que « l’homme de la passion ne trouve jamais le repos et la paix. Il ressemble à celui qui serait condamné à remplir sans fin un tonneau percé »[4]

Platon veut donc distinguer certaines formes du bonheur, éphémère et passager que Canto-Sperber appelle « ingrédients du bonheur» avec le bonheur durable et stable. Il invite à chacun de viser ce bonheur fixe et permanent où l’homme sera heureux même après cette vie. Pareillement, Monique Canto-Sperber pense que même si le bonheur est un bien principalement humain et qui est conçu en fonction des ressources humaines à l’échelle de la vie humaine, « Le bonheur ne devrait pas seulement résulter du fait que ce qui est vécu est satisfaisant mais aussi d’un facteur de réflexion consciente et d’appréciation de la vie comme un tout cohérent.»[5] Donc, à la manière de Platon, Canto-Sperber affirme que la maîtrise que nous avons sur notre vie entière doit se proportionner avec la détermination des projets fondamentaux de la personne, les projets de rechercher un bien suprême qui est chez Platon cet « Ascension de l’âme du monde sensible au monde intelligible. Le bien qui n’est pas l’essence mais ce quelque chose qui dépasse loin l’essence en majesté et en puissance, cet archétype axiologique des actions humaines.»[6] C’est ce bien qui dépasse et transcende les biens du monde phénoménal où l’homme est incliné vers la recherche du bien-être dans les passions quotidiennes qui est le bien moral et qui rende la vie heureuse. Ainsi, affirme Platon, « pour qu’une action humaine soit bonne, il faut qu’elle soit conforme au modèle transcendant puisque « l’idée du bien (…) est le divin apportant sens à l’univers. »[7]

Pour Platon donc, étant donné que les biens de notre monde où interagissent les expériences des hommes par la recherche de leur bonheur sont captivants et attrayants, le vrai bien ne peut pas résider dans les préférences de chaque jour (richesse, fortune, amour….) qui ont pour but de satisfaire nos sens, il ne peut résider que dans l’universalisation de nos actions objectives. C’est à partir de ce bien qu’il faut concevoir le vrai bonheur distinct du plaisir très éphémère, de la joie plus dynamique car « Ce n’est pas le fait d’éprouver n’importe quelle satisfaction qui peut rendre heureux. »[8] Dans ce sens le bonheur ne sera considéré que comme une « activité, la fin la plus digne d’être poursuivie en vue de laquelle tous nos actes sont accomplis, qui n’est désirable en vue d’autre chose »[9] Ainsi donc, c’est en ordonnant sa vie à la vertu que l’individu pourra atteindre un bonheur qui ne consiste pas en un simple état de satisfaction, mais qui est l'effet d'un ordre objectif défini par le bien propre de l'âme. Cependant, faudrait-t-il dire qu’une seule partie satisfaite de l’homme suffise pour dire qu’il est heureux ? Autrement dit, le bonheur consiste à satisfaire une partie du corps humain ou de l’homme tout entier ?

Il est très manifeste que le même homme qui désire le bonheur de l’âme est le même qui est le siège des sentiments aberrants et des inclinations qui lui incitent à satisfaire d’abord ses besoins vitaux.
Il est celui qui doit d’abord chercher comment combler le vide de ses besoins. Ceci fait que cet homme soit toujours tendu vers le bien subjectif ou le bonheur du moment. Etant donné que le trait le plus caractéristique du bonheur est le sentiment de satisfaction éprouvé à l’égard de la vie entière et le souhait que cette vie se poursuive de la même façon, il faudrait donc qu’un tel sentiment de satisfaction soit rapporté aux désirs et aux projets que la personne nourrit à l’égard de sa vie. Il faut que ses désirs les plus intenses soient satisfaits. En plus de cela, il y a toujours des désirs mineurs insatisfaits car la réalisation d’un projet provoque la frustration d’un autre nous dit Canto-Sperber. L’exemple en est témoin : Socrate lui-même qui enseignait « Comment doit-on vivre ? » au sein de la cité n’a pas pu y arriver puisqu’il a dû priver son corps son bonheur pour le bonheur de l’âme. C’est pour cela que nous nous demandons si être heureux doit se positionner à la fois aux biens de l’âme et aux biens du corps, pouvons-nous dire encore que Socrate a vécu le vrai bonheur ? Comment expliquer alors que des personnes raisonnables et rationnelles veuillent à se comporter moralement tout en sachant que cela ne les rendra pas heureuses et que le bonheur visé détruira leur bonheur ? Est-il donc possible de parler le bonheur de l’homme sans la capacité de ressentir la joie, le contentement ou le plaisir au sens épicurien du terme ? La réponse ne serait que non. Il n’est guère possible d’être heureux sans se sentir heureux. Donc, seul la vertu ne peut pas être considérée comme un seul moyen pour accéder au bonheur étant donné qu’il y a une multiplicité du bonheur qui rende l’homme heureux et qui ne s’accorde pas avec la recherche du bonheur que vise la vertu.

Aristote, lui, avait vu dans le commun des hommes un bien où tout le monde tend vers. Il dit ainsi « Tout art, toute recherche, de même que toute action et toute délibération réfléchie tendent, semble-t-il vers quelque bien»[10] Pour lui, tout être en tant qu’il est en puissance tend vers son acte. Il atteste que « c’est précisément cet achèvement de sa nature qu’on appelle sa fin, sa perfection, son bien. »[11] Et chez lui, il y une hiérarchie des biens puisque ce n’est pas tous les biens qui rendent l’homme heureux. De ce fait, il distingue le bien en soi du bien relatif. Chez lui, seul le bien en soi est considéré comme le bien suprême puisque c’est ce bien qui donne l’accès au bonheur au sens d’ « une fin que poursuit tout homme (même si les hommes ne s’entendent pas sur leur nature) et qui doit être rapportée à la réussite d’une activité » [12] Et l’activité la plus élevée chez Aristote est celle de l’intelligence. Or l’homme est un animal raisonnable c'est-à-dire doué de raison. Donc, penser vrai, chez Aristote, procure le bonheur. Aristote appelle cette activité la contemplation des choses divines. C’est cette contemplation qui procure le bonheur de l’homme résidant dans les plaisirs de l’âme humaine qui se consacre à la méditation, le plaisir qui « n’est pas lui même le but de l’activité, mais l’écho subjectif de son succès, le signe que l’action a été effectivement accomplie, une sorte d’ornement qui surajoute à l’activité normale comme « à la jeunesse sa fleur. »[13]
Aristote affirme aussi que des vertus morales ne naissent pas naturellement en nous. Chaque être rationnel est naturellement prédisposé à les acquérir mais à condition de les perfectionner par l’habitude. Ainsi c’est en « bâtissant qu’on devient architecte (…), c’est à forces de pratiquer la justice la tempérance, le courage qu’on devient juste, tempérants et courageux »[14]. Pour lui la vertu n’est que la fille des bonnes habitudes. Ces bonnes habitudes doivent être conformes à l’activité de la raison puisque c’est « la raison qui doit prendre la direction de la vie quotidienne afin de régler les passions et de nous donner des bonnes habitudes. »[15]
En plus de cela, pour lui, une hirondelle ne fait pas le printemps, un seul acte de générosité ne rende pas un homme généreux. Il faut donc que la vie heureuse se situe dans cette ligne de recherche ce qui est bon pour la vie sociale. Ainsi recherché, le bonheur ne sera que cette « bonne pratique comparable à l’action technique qui ne peut manquer de réussir lorsqu’elle est guidée par le savoir et l’expression immédiate.»[16]
Cette conception aristotélicienne du bonheur est celle qui a marquée St Thomas d’Aquin dans la conception de la vie éthique de l’homme. St Thomas comme Aristote voit dans la contemplation, l’élévation de l’âme humaine à la divinité. Ceci résulte des principes internes et externes déterminant l’agir de l’homme. Ces principes sont reconnus par ce qu’il a appelé la « conscience morale ou la syndérèse. » C’est cette conscience qui saisit les principes de la vie morale et les appliquer à des circonstances particulières de la vie puisque la vie morale de l’homme n’est pas autre chose que l’adaptation à une créature consciente et intelligente du grand élan qui entraîne toute la nature vers sa cause première et sa fin suprême. Et ce bien suprême saisi par l’intellect de l’homme n’est considère que comme « le souverain bien, le bonheur parfait ; Dieu lui-même, car les biens qui s’offrent à nous dans notre vie quotidienne ne sont pas le souverain bien. »[17]
Pour lui donc, vivre moralement c'est-à-dire en obéissant sa conscience droite voire aussi la conscience erronée, c’est viser le bonheur. Mais il précise qu’il y a priorité du bien sur le juste, priorité du bonheur sur la vertu puisque nous avons cette liberté envers ce qu’il appelle « des petits bonheurs ou les bonheurs médiocres ». C’est de cette manière que St Thomas pense que « tous nous cherchons Dieu, mais le pécheur croit le trouver dans une apparence de plaisir »[18] Pour ce fait, est-il possible que la contemplation des choses divines soit commune à tous les humains ? Certainement pas. Il n’y a pas le bonheur unique pour tout le monde parce que les besoins des hommes sont différents. Le bonheur est recherché par une personne et pour son bien. Le bonheur universel est un idéal à atteindre et non le bien-être d’un homme présent.

Il nous est nécessaire, enfin de compte, d’affirmer que les morales des anciens sont essentiellement eudémonistes. Elles visent le souverain bien comme une fin ultime des actions humaines. Et ce bien suprême doit être régi par les bonnes habitudes qui ne sont pas posées par action de simple raison d’être heureux mais par l’effort de l’homme rationnel qui cherche un bien excellent, un sublime. Il faut ajouter, de ce fait que le bonheur prôné par ces morales est du monde intelligible. Il ne peut pas être atteint dans ce monde.
Chercher ce bonheur c’est apprendre à mourir comme le disait Platon. Comment peut-on alors parler du bonheur de l’homme en dehors de lui ? Si le bonheur est ce dont tout le monde ne peut rechercher, pour satisfaire ses besoins vitaux, pourquoi tout le monde ne cherche pas ce bonheur visé par les anciens ?

Il s’avère fondamental d’affirmer qu’alors que « le pouvoir, la richesse, et la considération, même la santé ainsi que le bien être complet et le contentement de son état font parties de ce qu’on nomme le bonheur.»[19] Donc, les morales téléologiques qui ont pour fin ultime le souverain bien ne peuvent pas être considérées comme des simples techniques du bonheur non seulement à cause de leur caractère universel dans l’agir moral prôné mais aussi de leur incompatibilité avec la recherche du bonheur qui est essentiellement égoïste dans la satisfaction des besoins humains.

1. ILLUSTRATION DE CETTE FIN TELEOLOGIQUE AVEC QUELQUES AUTEURS
1.a) PLATON : LE PARADIGME DU BIEN

Chez lui, il n’y a pas une sorte de traité comme chez Aristote sur la morale. Donc sa pensée morale diffuse dans toutes ses œuvres. Ceci signifie que Platon ne sépare pas la morale des autres activités humaines. La morale occupait une place importante dans toutes les œuvres de Platon. Platon considère la connaissance du bien qui d’ailleurs est la connaissance la plus élevée comme une connaissance indispensable à la morale. C’est d’ailleurs pourquoi pour lui : « Nul n’est méchant volontairement » . La connaissance du bien conduit à la vertu. L’idée du bien donne à toutes les autres vertus leur consistance : courage, justice, tempérance,…etc. Cf. La République VI, 540-509d.


LA NATURE DU BIEN

Chez Platon, le bien est d’abord une réalité objective autosubsistante et transcendante. Dans le monde des idées, c’est l’idée du bien qui est le bien suprême et éclaire toutes les autres idées et les rend intelligibles de même que dans le monde sensible le soleil éclaire touts les autres objets. Cf. 508b.

En même temps, le bien sert de critère objectif pour évaluation des actions humaines. Donc, le bien est l’archétype ontologique de toutes les idées. Car, celle-ci doivent leur consistance par principe de participation. C’est aussi un archétype axiologique i.e une action est dite bonne quand elle correspond au modèle du bien. Le bien n’est pas d’ordre des réalités empiriques qui sont éphémères, fluctuantes. Donc pour saisir le bien, il faut dépasser l’ordre de l’empiricité, l’ordre des réalités phénoménales. Il faut également dépasser l’ordre des préférences subjectives. Il faut savoir distinguer le bien en soi de ce qui n’est qu’en apparence. Beaucoup de personnes se laissent fasciner par le bien en apparence comme le plaisir, le pouvoir…parce qu’il croient peut être qu’il est le bien considérable. Mais dans la perspective platonicienne, le bien est le bien en soi et non pour moi ou pour nous. Il ne dépend ni de mon désir ni de la ma préférence, de mes intérêts non plus.

LE BIEN COMME SOURCE DU BONHEUR

Les morales des Anciens sont souvent désignées comme morales endamoniques (endaimonia qui veut dire bonheur ou félicité) du bonheur, qui sont préoccupation par la question de savoir « comment devenir heureux ? » Chez Platon, la nature du bien ci-dessus décrite permet de déterminer un critère objectif du bonheur. Le bonheur ne peut pas consister dans la recherche du plaisir. Le bonheur consiste au contraire dans une vie conforme au bien en soi. Autrement dit, le bonheur est conditionné par la vertu.
Contrairement à l’opinion courante défendue par certains Sophistes comme Calliclès, Thyrasmaque ; c’est l’homme juste. C'est-à-dire l’home vertueux qui est heureux. Certes, il est en priori à toutes sortes d’infortunes (souffrance, non réputation, pauvreté…) mais celui le plus heureux parce que le bonheur véritable c’est un bien de l’âme et non du corps. Les satisfactions corporelles qu’ont les hommes injustes ne sauraient êtres confondues avec le bonheur véritable qui est celui de l’âme.




B .ARISTOTE :

D’une manière générale, il suit une démarche différente de celle de Platon. En revanche, il est beaucoup plus préoccupé des affaires humaines que par des réalités transcendantes. En morale, son but n’est pas définir un modèle absolu d’un bien en soi comme chez Platon. Il procède par contre à une sorte d’herméneutique de l’opinion par l’analyse des mœurs et du langage. Aristote pense que le langage éthique ordinaire peut conduire vers une élaboration d’une éthique rationnelle à travers une simple démarche de reconstruction ou de rationalisation, de systématisation de ce qui existe déjà.

LE BONHEUR COMME BIEN SUPREME

Dans l’Ethique à Nicomaque, Aristote prend pour point de départ l’observation selon laquelle toutes les activités tendent vers un certain bien, vers une certaine fin ; mais il y a une certaine variété des conceptions de cette fin. Et au-delà des divergences le but cherché est le bonheur. Mais au niveau du contenu du bonheur, il y a divergence : santé, richesse, contemplation. Mais d’après Aristote, on peut parvenir à définir l’essence du bien ou du bonheur en faisant une distinction entre deux sortes de biens :
-Les biens relatifs : cherche en vue d’autres choses, c'est-à-dire des moyens.
-Les biens en soi : cherche pour eux-mêmes. Ce sont les biens les plus parfaits.
De cette distinction, on obtient la distinction aristotélicienne du bonheur : « c’est ce qu’il se suffit à lui-même et qui rend la vie souhaitable et complète » Cf. Ethique à Nicomaque I, 5, 1097a25. Mais, il ne s’agit là que d’une définition générale. Aristote se propose de définir le bonheur de l’homme en tant que l’homme. Et, ici il faut partir du fait que l’homme est un animal raisonnable. Donc le bonheur de l’homme doit correspondre à ce qui distingue l’homme des autres animaux. Ainsi les biens de l’âme sont les plus précieux. On se heurte néanmoins à plusieurs difficultés, car il existe plusieurs sortes de biens de l’âme : la pensée pure, la vérité, la vertu. Pour Aristote, c’est la vertu parmi ces trois biens qui définit le bonheur. Le bonheur est suivant leur activité de l’âme dirigée par la vertu. Cf. Ethique à Nicomaque I, 9, 1098b30. En rattachant le bien à l’âme, Aristote n’exclut pas le bien extérieur.

LE BONHEUR ET MERITE

C’est la question de savoir si le bonheur est une acquisition ou un don de Dieu. Le bonheur est quand même un bien précieux. Or les dieux ont l’habitude de nous accorder les biens précieux. Est-ce donc à dire que le bonheur est un don de Dieu ? La thèse d’Aristote consiste à ce que le bonheur ne soit pas, pas un don de Dieu. Car il est accessible à tout ce qui pratique la vertu.
Autres arguments : Il vaut mieux mériter la vertu que de l’avoir par la fortune. Donc Aristote souhaite que le bonheur soit un mérite .C’est à dire accessible à tous ceux qui fournissent un certain effort de vertu. Il faut donc mériter le bonheur par la vertu.

QU’EST-CE QUE LA VERTU ?

Comment s’acquiert la vertu ? A quoi reconnaît-on la vertu ? Pour lui, la vertu n’est pas innée. Elle s’acquiert par l’expérience et l’exercice qui conduisent à la vertu. Les vertus supposent une disposition naturelle mais elles ne se manifestent qu’au bout d’une élaboration constante… L’acquisition de la vertu passe par une pratique habituelle de la vertu ou les bonnes actions- c’est en forgeant qu’on devient forgeron –La vertu ne réside pas dans les actes ponctuels mais l’habitude de l’agir de façon vertueuse. L’action vertueuse suppose un minimum de contrariété ; le plaisir accompagne aussi la vertu malgré le minimum d’effort.

LE ROLE DE L’INTELLECT

L’intellect délibère pour nous aider à parvenir à la fin la plus convenable pour nous. Donc la vertu n’est pas seulement une question de cœur, de l’affectivité, de la sensibilité, du désir mais aussi d’une certaine rationalité.
Aristote dit : « En premier lieu, il doit savoir ce qu’il fait… » Donc il y a une place pour la réflexion, pour la délibération intellectuelle.

LE CRITERE DE LA VERTU

C’est le juste milieu. La vertu est mediéité, le juste milieu, juste moyenne. Ce qui ne signifie rien d’autre qu’un équilibre entre deux extrêmes.
« Tout homme avertit fait l’excès et le défaut.» Livre II, 1906 b.
Dans toute action il y a un excès, un défaut et une moyenne. Donc pour Aristote, tout être normal a tendance à fuir l’excès d’un coté comme de l’autre.
Du point de vue de la vertu, l’excellence se trouve paradoxalement au niveau du juste milieu. Aristote n’a jamais voulu séparer la vertu des activités ordinaires de l’homme. Exemple : la tempérance est le juste milieu entre insensibilité et…..
Générosité c’est entre avarice et prodigalité, vérité c’est entre dissimulation et exagération.

LA JUSTICE :
Pour Aristote c’est vertu des vertus. La justice consiste à respecter une certaine égalité : égalité arithmétique et égalité géométrique. La première veut que les objets échanges soient d’égale valeur. La deuxième concerne la justice distributive : les honneurs, les changes à distribuer dans une cité. Ici, le critère c’est « à chacun selon son mérite ».

RAPPORT ENTRE VERTUS MORALES ET VERTUS INTELLECTUELLES

Ces vertus éthiques (morales) doivent être coordonnées par les vertus intellectuelles qu’Aristote appelle la prudence. C’est la prudence qui aide par exemple à déterminer le juste milieu. Elle coordonne et mesure les désirs. La prudence relève de la raison mais dans sa dimension pratique. Elle consiste à une connaissance pratique des réalités contingentes et non connaissance spéculative. Car dans le domaine des affaires humaines / éthiques, il n’ y a de la connaissance qu’on puisse nommer de vérité. Ce domaine renvoie à un savoir pratique et non un savoir théorique .Il n’ y a pas de critère objectif de prudence ; le critère serait l’homme prudent lui-même. C'est-à-dire savoir à chaque circonstance la juste solution. Donc, c’est question en fait de circonstance.

CONTEMPLATION COMME PLAISIR OU BIEN SUPREME

C’est dans sa théorie du plaisir qu’Aristote présente ce qu’il considère comme le bien suprême de l’homme. Pourquoi ? Parce que le plaisir exprime notre condition humaine. « Le plaisir est ce qui touche de plus près notre nature… » Donc, il n’y a pas chez Aristote un mépris de plaisir, une chose si mauvaise n’aurait pas caractérisée de manière profonde notre nature humaine. Pour lui, c’est la contemplation qui est le plaisir suprême. C’est la contemplation qui est le souverain bien de l’homme. C’est elle qui fait la perfection même de l’homme parce qu’elle est une activité de l’intellect .Or, l’intellect c’est ce qu’il y a de plus spécifique à l’homme parce qu’il faut que ce soit le plaisir de cet intellect qui soit le plus grand. L’intellect c’est ce qu’il y a de plus haut chez l’homme. L’intellect c’est ce qu’il y a de plus divin. C'est-à-dire qui nous proche de plus de la divinité.

St THOMAS D’AQUIN : LA QUETE DE LA BEATITUDE (1224-1274)

Il a dans ses œuvres des ressources variées : Aristote le philosophe, Platon, Boèce, Cicéron…etc. Mais Aristote reste celui qui lui aura plus marqué. Dans toute l’histoire, St Thomas passe pour être son disciple le plus fidèle. Il a essayé de faire une synthèse entre la philosophie d’Aristote et celle dite chrétienne. Prouvant par là que la foi et la raison ne se contredisent pas forcément. Il a montré qu’il y a la complémentarité ente les deux.
Dans la Somme théologique, c’est la deuxième partie qui est consacrée à la morale. Et cette partie s’ouvre par une réflexion sur les questions des fins où il illustre parfaitement la question théologique. St Thomas se demande la fin qui convient de plus aux êtres raisonnables. La réponse c’est que même si les hommes s’orientent souvent vers la volupté de plaisir, la nature, la richesse, le bien le plus parfait est celui qui est le plus susceptible d’accomplir l’homme de sorte que l’homme ne désire plus autre chose. Et même si on désirait autre chose, ce ne serait que moyen pour parvenir au bien parfait qui est la béatitude.

QU’EST-CE QUE LA BEATITUDE ? QUELS SONT SES CRITERS ?

Premièrement, elle ne réside pas dans la richesse (matérielles et intellectuelles), dans les honneurs, dans la gloire parce que assez souvent elle est fondée sur une fausse connaissance de l’homme ; ni dans la puissance, ni dans les biens du corps, ni dans les plaisirs. La béatitude n’est pas un bien de l’âme parce que la fin de l’homme n’est pas l’âme elle-même .C’est quelque chose en dehors de l’âme, c’est Dieu. « La béatitude ultime et parfait ne peut être que dans la vision de l’essence divine ».

LES CONDITIONS DE LA BEATITUDE

¨ La pratique de vertu. Et pour la pratiquer, il faut se référer à l’intelligence et à la volonté. La volonté veut mais l’intelligence la guide. Elle aide à hiérarchiser les différents biens. Ces deux puissances s’enveloppent mutuellement.
¨ Les déterminants de l’agir humain. Ces toutes ses instances qui orientent d’une manière ou d’une autre action vers sa fin. Parmi eux, on relève les déterminants intérieurs comme les principes intérieurs. Et aussi les principes extérieurs qui sont des lois.
¨ Et parler de loi, il faut distinguer la loi divine ou la loi éternelle qui sont les lois qui gouvernent toutes choses ; l’univers et tout ce qui le constitue.
¨ La loi naturelle qui la partie de la loi divine qui peut être comprise par la raison naturelle, la droite raison. La loi humaine : C’est la loi appliquée dans les cités. La loi naturelle est universelle. Elle prescrit à peu près le même commandement à tous ; toujours rechercher le bien, toujours éviter le mal.

La loi humaine par contre est variable. Mais elle interdit partout ce qui est nuisible à autrui. Pour lui, les lois humaines doivent être assujetties à la loi naturelle de telle sorte que si une loi humaine est contraire à la loi naturelle, on a le droit de lui désobéir.

LA CONSCIENCE MORALE

« L’acte par lequel la raison pratique rassemble toutes les données à sa disposition (celle de la synthèse du savoir moral, de l’expérience, des convictions et opinions diverses etc.) en vue d’aboutir au terme de son discours à un jugement pratique normatif »Cf. Dictionnaire d’Ethique et de philosophie morale, p. 1522.
La conscience morale demande toujours d’agir selon la raison droite. St Thomas d’Aquin distingue conscience droite et conscience erronée. La conscience erronée est une altération de la voix divine en nous. Même une conscience erronée nous oblige autant qu’une conscience droite. Donc on doit toujours obéir à sa conscience même quand elle est droite. Mais comme précision on peut dire que l’on est reprochable lorsqu’on n’a pas fait l’effort d’éduquer sa conscience.

2. L’APPROCHE UTILITARISTE ET CONSEQUENTIALISTE

QUELQUES CONSIDERATIONS GENERALES SUR CETTE APPROCHE

1. L’utilitarisme occupe depuis le XVIIè S une position dominante dans la pensée Anglo-Saxonne. Catherine A. dit d’ailleurs que la philosophie morale Anglo-Saxonne se confondait presque avec l’utilitarisme.
Théorie de la justice, John Rawls : ouvrage le plus et commenté dans le XXè S. Ici, il dit que son but est de combattre l’utilitarisme. C’est à sa suite que beaucoup d’autres auteurs se sont intéressés à l’utilitarisme.
2. L’utilitarisme s’inscrit dans le même sillage métalogique et épistémologique que l’empirisme parce qu’on y trouve le même rejet des positions rationalistes, métaphysique considérée comme des simples préjugés, des simples croyances. Dans la morale, il faut laisser parler des faits eux-mêmes plutôt que de penser aux données métaphysiques et des controverses doctrinales. Il s’agit avec eux d’une rupture épistémologique qui marque la moralité. Les du bien et du mal ne doivent plus êtres recherchés dans les approches téléologiques qui reposent sur les présupposées métaphysiques. Les critères du bien et du mal se trouvent dans la nature humaine elle-même. Et une donnée humaine incontestable c’est le plaisir. La maximisation d’intérêts, refus de la douleur et attrait pour deux qui sont attrayant. La réalité elle-même est le fondement de l’utilitarisme.
3. Puisqu’il n’ y a pas de fondation méta empirique de la morale, les utilitaristes s’en tiennent à des critères conséquentialistes. Ainsi une action s’évalue en fonction de ses conséquences sur le bonheur ou sur l’utilité individuelle et collective : C’est le conséquentialisme de l’acte. Une règle s’évalue en fonction de ses effets. Par cet angle, l’utilitarisme se rapproche des doctrines téléologiques parce que la conséquence se rapproche au télos, à la finalité.

DEUX GRANDS CLASSIQUES DE L’UTILITARISME : JERMY BENTHAM (1798-1882) ET JOHN STUART MILL

Le premier est considéré comme le père de l’utilitarisme. Ce faisant, on omet les anticipations et les préfigurations anciennes : par exemple chez les Epicuriens. « La meilleure action est celle qui procure le plus grand bonheur et la pire est celle qui de la même manière occasionne le malheur ». Hutcheson (avant la naissance du Père de l’utilitarisme. Le mérite de Bentham, c’est d’avoir systématisé la pensée utilitariste. Bentham a voulu élaborer un système de pensée dont les principes doivent guider à la fois la morale, la législation et la politique et en même temps l’action individuelle et l’action collective. Et pour lui, il faut partir d’une donnée évidente. Tous les individus sont mus de leurs actions par leurs intérêts qui se déclinent comme maximisation du plaisir et minimisation de la peine et de la douleur. Tel est le point de départ de l’utilitarisme Benthamien. Il faut ajouter à ce principe celui du bonheur public ou principe de la priorité du bonheur collectif sur le bonheur individuel. Bertham propose un certain nombre de critère pour réaliser ces principes. Une méthode de calcul du plaisir :
- l’intensité-la durée-Le certain- La proximité-La fécondité.
Parmi ces principes, celui de sacrifice individuel pour le bonheur collectif soulève plus de problème. Bertham justifie le principe en évoquant une certaine inclination naturelle à tout être humai à voir les autres heureux. John Stuart Mill : Il devient disciple de Bertham en lisant ses textes en 1822 à la manière d’Aristote devint de Platon. Il veut reconstruire l’utilitarisme Berthanien en éliminant quelques éléments les plus contestables. Par exemple pour lui, le plaisir est considéré d’un point de vue beaucoup plus qualitatif que sensualiste est quantitatif. On reproche à la conception du bonheur Berthanien comme une conception vide, basse qui ne convient qu’aux porcs. A ces obligations Stuart Mill répond qu’il faut intégrer dans l’utilitarisme quelques éléments du stoïcisme et christianisme, car il faut admettre que certains plaisirs sont plus précieux que d’autres. Il faut admettre des plaisirs qui se rapportent facultés supérieures. Il faut intégrer le sens de la dignité humaine : « Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porcs satisfait ».
Il met l’accent sur la dimension altruiste de l’utilitarisme. Quand on parle du plus grand bonheur, c’est celui de l’ensemble de la société. Donc priorité du bonheur collectif pour le bonheur individuel. Dans cette conception du bonheur, il faut accorder une place pour la vertu. Pour lui, la vertu est aussi un bine en soi. « La vertu est d’ailleurs, dans toutes les choses qui existent, ce qui peut contribuer au bonheur général ».

LES QUESTIONS PROBLEMATIQUES DANS CETTE DOCTRINE MORALE

LA QUESTION DU SUJET DANS L’UTILITARISME

Il est très difficile de déterminer le statut du sujet dans l’utilitarisme. On peut se demander légitimement si le plaisir est une spécificité humaine. Le sujet dont on parle est-il humain ou tout être raisonnable ?
Certains auteurs y compris Bertham avaient pensé que les principes de l’utilitarisme devaient s’étendre aux animaux. La question n’est pas de savoir si les animaux peuvent parler ou penser mais plutôt de savoir si les animaux peuvent souffrir. Si oui, dans ce cas ils (animaux) ont les mêmes droits à la souffrance que les hommes. Il s’agit d’éviter le spécisme (coupure entre les espèces). Si tel est le cas, quel est donc le statut du sujet moral ? Peut-on le réduire à un foyer de désir, de passion, de plaisir et de souffrance de même titre que les autres êtres ?


OBJECTIONS :

- Dans l’utilitarisme, il y a une sorte de dégradation du statut du sujet moral.
Rapport entre l’individu et la société. Car on a noté qu’il y a une sorte de dissolution du sujet dans la collectivité. La conséquence en est que les droits individuels ne sont pas pris aux sérieux. On met tellement l’accent sur le bonheur collectif que celui de l’individu qui ne compte pas. Le bonheur individuel n’existe que si il contribue au bonheur collectif.
-L’utilitarisme devient aussi une doctrine sacrificielle. Parce qu’elle préconise le sacrifice des droits individuels pour le collectif. C’est ce que Jean Paul Dupuy dans le sacrifice et l’envie a appelé le péché originel de l’utilitarisme.


3. L’APPROCHE DEONTOLOGIQUE

REMARQUE :
Autant l’approche téléologique a donné la période ancienne autant celle dite déontologique domine la période moderne contemporaine. Autrement dit, toute approche en ces temps modernes et contemporains doit s’inscrire dans le déontologique ou justifier pourquoi on ne le fait pas.
C’est une approche qui consiste à accorder la priorité au devoir par rapport à toute autre chose comme : bien, bien-être, bonheur, télos, conséquence, désir…Il s’agit donc de la priorité au devoir, à l’obligation, à la loi morale, au juste.
Est juste ce qui correspond à l’obligation, à la loi morale dans son caractère formel. Agir par devoir c’est n’agir que conformément au caractère formel de la loi.

Dans l’approche déontologique, on présente certaines actions comme absolument interdites sans aucun égard pour les conséquences qui peuvent en découler. Certaines options morales sont présentes comme absolument obligatoires même si l’on est convaincu qu’une autre option aurait donné de meilleures conséquences. Les approches déontologiques sont très exigeantes.
Historiquement parlant, cette approche trouve ses racines dans la philosophie de Guillaume d’Occam qui était l’un des premiers à remettre en question la notion de fin, toutes ses données métaphysiques, des notions générales et abstraites. Pour lui, la notion de notre connaissance doit être des notions bien précises. Par rapport à la morale, il insiste sur les obligations qui appartiennent comme quelque chose de plus opérationnel. Le rasoir d’Occam consiste à éliminer toutes les argumentations sur les notions de fin que ce dernier trouve inutile, superflu. Mais l’auteur ayant le plus systématisé cette approche est Kant Emmanuel. Il l’incarne. Et dans la philosophie contemporaine, il y a deux autres auteurs qui reconstituent la morale dans une perspective déontologique : John Rawls et J. Habermas.
L’approche déontologique soulève un certain nombre de difficultés que d’autres auteurs s’emploieront à mettre en évidence : c’est la possibilité d’une déontologie pure. Cette approche sera aussi l’objet d’un certain rejet de la part d’un certain nombre d’auteurs qui préconisent le retour à l’approche téléologique.


DEONTOLOGISME KANTIEN
¨ Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.
Critique de la raison pure

Toute la morale de Kant peut être ramenée à un seul objet : tout ramener vers le devoir, vers l’obligation. Le projet de donner une priorité inconditionnelle au devoir par rapport au bien, au bonheur. Donner une orientation résolument déontologique à la morale en accord est une priorité au devoir et du même coup à rejeter toute l’approche déontologique. Considérer l’autonomie comme fondement de la morale est un des points forts du déontologisme.

QUELQUES ARGUMENTS DU DEONTOLOGISME KANTIEN/ FONDEMENT CRITIQUE…
1. La bonté inconditionnelle de la bonne volonté
2. La bonne volonté comme produit d’un effort à accomplir et non comme un don ou non la bonne volonté est plus méritoire que les autres talents.
3. Le bonheur ne peut pas être érigé en devoir.
- Le bonheur n’est pas une inclination naturelle. On n’a pas besoin de te dire : « Tu dois rechercher le bonheur ». Il est aussi superflu de commander de chercher le bonheur que de dire à pierre lâchée en haut de tomber.
4. Le bonheur n’est pas sans restriction
5. Une personne denrée de bonne volonté ne mérite pas le bonheur.
6. La bonne volonté est bonne en elle-même indépendamment de ses effets. Dire que la bonne volonté suffit ne nous dispense pas de s’employer à trouver un contenu bon à la bonne volonté mais « la vertu en halement est toujours la vertu ». D. Hume
7. Finalité de la raison : si l’homme est douée de raison, ce n’est pas pour assurer le bonheur mais plutôt pour la bonne volonté.
8. Seul le respect inconditionnel de la loi morale premièrement permet de constituer un règne de fin et ensuite soustrait mes actes de la poursuite des intérêts.
Règnes des fins : liaison systématique de touts les êtres raisonnables sous la même loi morale. Si chacun accorde une priorité à ses intérêts personnels, ce règne ne serait pas possible. Il faut soustraire la morale des aléas des intérêts. Le statut du sujet rationnel (raison calculatrice) définit l’impératif hypothétique alors que celui du sujet raisonnable (raison pratique) définit l’impératif catégorique.
La priorité du devoir est ce qui garantit l’autonomie de la volonté. Alors que le bonheur, tous les objets extérieurs à la volonté est ce qui garantit l’hétéronomie de la volonté.



QLELQUES ARGUMENTS DANS LA CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE : V, 21, 21-26 ; 57-62.

On ne peut pas saborder la loi morale à des principes des intérêts de la volonté. Chaque personne a sa conception de biens et ce pluralisme empêche de fonder une morale universelle sur le bien. La loi morale est « un fait de la raison » dit Kant. De là, elle peut s’imposer à tous les êtres raisonnables, car c’est une donnée immédiate de la raison. D’où possibilité d’après Kant d’une morale universelle fondée sur le bonheur.
L’expérience nous informe sur ce que nous voulons et peut être aussi sur les moyens de réaliser ce que nous voulons. Par contre, elle ne nous dit pas ce que nous devons faire ; la raison pour laquelle la priorité doit être accordée à la raison.

LE DEONTOLOGISME KANTIEN ET LA QUESTION DESCONFLITS DES DEVOIRS

On parle de conflit de devoir lorsque, d’après Kant : il n’existe pas de conflits de devoir parce que deux devoirs inconditionnels ne peuvent pas être valables en même temps. C’est notre représentation subjective de ces deux devoirs qu’il peut avoir contradiction.
Exemple : Devoir de ne pas se suicider et devoir de sacrifier pour les autres. Ici, Kant dit que les deux devoirs n’ont pas le même statut. Dans le premier, c’est un devoir strictement alors que dans le second, c’est un devoir large. Dans ce dernier cas l’on est obligé d’apprécier les situations.
Devoir de véracité et devoir de politesse ; Dans le premier est un devoir strict. Il n’y a pas de circonstances dans lesquelles on puisse être affranchi de ce type de devoir ; alors que le second est du type large.
Le déontologisme rawlsien (John Rawls 1921-2002)

Il est l’un des plus grands philosophes contemporains avec son ouvrage Théorie de la justice (1971), a suscité un nouvel enfoncement pour les questions éthiques et surtout dans un contexte où la morale faisait l’objet n’un mépris parce que disent-ils les questions morales ne pouvaient pas être l’objet d’un discours rationnel et rigoureux et qu’il fallait la ravaler dans la croyance les convictions et même du religion.
L’objectif de Rawls en écrivant ce livre est de combattre l’utilitarisme, car celle-ci soulève un certain nombre de problème sur le plan éthique. Rawls se propose d’élaborer une théorie de rechange à la doctrine de l’utilitarisme. Il se propose de réussir là où beaucoup avaient échoué.
Rawls reproche fondamentalement à l’utilitarisme la place faite à l’individu et à ses droits. Car, il a été montré que l’utilitarisme ne prenait pas au sérieux les droits des individus. C’est donc la logique sacrificielle de l’utilitarisme que Rawls s’emploie à combattre.
« Chaque personne possède une inviolabilité fondée sur la justice qui même au nom du bien-être de l’ensemble de la société ne peut être transgressé » ; et pour combattre l’utilitarisme, Rawls se réfère à Kant pour deux raisons :
- L a place du sujet dans la morale kantienne : « il faut traiter l’humanité dans ta personne et aussi bien dans cette vision de l’autre, toujours en même temps comme une fin et non jamais simplement comme un moyen. »
- L’approche déontologique kantienne. Parce que chez Kant, la défense de la dignité humaine va de paire avec la primauté du sujet, avec l’antériorité du sujet par rapport à ses fins (souverain bien, bonheur…etc.)
- Le déontologisme rawlsien consiste essentiellement à s’opposer à la démarche téléologique conséquentialiste et sacrificielle de l’utilitarisme. Rawls montre qu’on ne peut pas poser le bonheur ou l’utilité antérieure même à la justice comprise comme ce qui garantit à chaque individu ses droits. Rawls fonctionne dans ce qu’on a appelé « individualisme anti-téléologique ». C’est pourquoi le déontologisme kantien consiste à inverser l’ordre de l’utilitarisme : entre le juste et utile, la priorité selon lui revient au juste.
Rawls affirme que « le juste est la première vertu des institutions sociales ». Ceci signifie que dans une société on ne peut rien poser au dessus de la justice. On ne peut pas poser une seule conception du bonheur. Il faut permettre à chaque individu d’exprimer son individualité et sa personnalité .Cette priorité du juste chez Rawls répond d’abord à une exigence éthique, nécessité de respecter l’intégrité de chaque personne. Cette priorité répond aussi à une exigence méta- éthique ou même épistémologique. Parce que du point de vue de ce devoir, les normes du juste ne peuvent pas être dérivés des conceptions particulières du bien. Car chaque individu a sa conception du bien. Donc, il faut que les normes de la justice puissent s’imposer à chacun de la même manière. Les normes du juste définissent le cadre dans lequel chacun doit vivre selon sa propre conception du bien sans enfreindre à celle des autres.
Pour élaborer des principes de justice qui soient équitables, Rawls imagine une position originelle qui est l’équivalent de l’état de nature dans le contrat social. Donc, cette position, il y a des partenaires qui doivent eux-mêmes décider, de choisir les règles de juste et pour éviter que le choix soit influencé par les différences entre les individus ; les partenaires sont recouverts d’un voile d’ignorance. Et ce voile neutralise les différences sociales, de revenu,…etc.
Il s’agit pour Rawls de définir un contexte de choix ou une procédure de choix qui sont équitables de sorte que les principes choisis soient eux-mêmes équitables. C’est ce qu’on appelle la justice procédurale pure qui signifie que la justesse des procédures des normes dépend de la justesse des procédures des normes : si la procédure est juste / injuste les normes seront aussi justes/ injustes. La dimension déontologique de cette procédure consiste à faire en sorte que le choix des principes doit être indépendants de toutes déterminations extérieures (religion, métaphysiques). Tout se joue dans la position du voile d’ignorance. Donc, le voile d’ignorance, c’est un opérateur d’égalité et d’équité.
La procédure de choix donne comme résultats deux principes de justice :
- La procédure d’égale liberté
- - Le principe de différence et d’égalité de chance
Le déontologisme rawlsien est un déontologisme des droits qui s’assure que chaque personne possède des droits qui ne sont pas voilés par le bien-être de tous.
Dans la déontologie, on doit s’efforcer de concilier l’efficacité économique avec la justice, le respect des droits. La théorie rawlsienne s’oppose à la théorie de mérite chez Aristote mais dans la définition de la justice il rejoint bien Aristote.
La démarche rawlsienne est une démarche procédurale. C’est un déontologisme des droits. Il défend les droits individuels contre la logique sacrificielle de l’utilitarisme. Donc, le déontologisme rawlsien tient d’une part à la question épistémologie morale et la question du droit. La procédure étant équitable, les normes qui en découlent seront aussi équitables.





LE DEONTOLOGISME HABERMACIEN

HABERMAS est né en 1929. Il est de nationalité allemande. Il est aussi l’un des plus grands philosophes contemporains dans le domaine de la morale et de la politique. On peut dire que la morale contemporaine lui doit une bonne partie de son renouvellement.
Début sur la justice : Rawls, Habermas. Il est héritier de l’école de la théorie critique au Francophord. Il s’est lui-même attaché à quelques idoles de la modernité : le droit, la technique…etc.
Il procède à la critique de la philosophie elle-même et de ses principaux présupposés. Il introduit de la rationalité philosophique, le paradigme du langage. La raison par exemple n’est plus saisie comme une sorte de réalité transcendantale et formelle mais dans son rapport au langage. Cf. Théorie de l’agir communicationnel. Il introduit aussi ce paradigme en morale notamment dans les ouvrages :- Morale et communication
-Ethique et communication
Pour reconstruire la morale, Habermas se réfère à Kant. Parce que la morale kantienne lui semble poser les bases du cognitivisme et de l’universalisme moral et en même temps de l’approche déontologisme.
Cognitivisme : Validité universelle des lois morales/ déontologisme.

L’apport de Habermas consiste à poser comme fondement de cognitivisme, universalisme et déontologisme non plus la raison pure, pratique comme chez Kant ; mais le langage de la communication. Car il estime que le paradigme de la raison est déjà périmé depuis « le linguistic turn ». Ce qui est reproche au paradigme de la raison c’est à la fois son caractère abstrait et monologuiste. On peut dire que la démarche kantienne de justification des normes est une démarche monologuiste qui est subjective en ce que c’est le fait d’un individu qui pense, qui se demande à partir de sa propre raison si la maxime de mon action …Et là, il n’entrepas en communication avec d’autres raisons pour mieux apprécier sa norme. Il faut passer par une procédure communicationnelle, déontologique.

Le déontologisme consiste à s’intégrer sur les procédures pour que les normes soient valides. Ainsi donc, chez Habermas, il faut s’intégrer sur une procédure communicationnelle.
Est-ce qu’il y a l’égalité dans la capacité à proposer, à discuter des propositions faites par touts les partenaires ? Pour Habermas, la raison et le langage sont co-originaires.
Habermas propose comme condition idéale de l’argumentation :
-Le droit pour chaque sujet de prendre part à la discussion
-La possibilité pour chacun d’exprimer son point de vue
-L’absence de toute pression autoritaire qui viendrait de l’intérieure ou de l’extérieure. Quand ces conditions sont réunies, Habermas parle de « situation idéale » de discussion. Et à partir de cette dernière on obtient les deux principes suivants :
-principe « d » : Seuls peuvent prétendre à la validité des normes qui pourraient trouver l’accord de tous les concernés en tant qu’ils participent à une discussion pratique.
-Principe U : Dans le cas des normes valides, les conséquences et les effets secondaires qui, d’une manière prévisible découle d’une observation universelle de la norme dans l’intention de satisfaire les intérêts de tout un chacun doivent pouvoir être acceptés sans contraintes par tous. Cf. Ethique de la discussion p. 17.
Il faut qu’une norme soit l’objet d’un accord et de tous les concernés.
Avec le principe U, Habermas introduit les considérations qui ont l’ambition de résoudre le problème de l’application des normes. Premièrement, il reproche à Kant d’avoir insisté sur le problème de la fondation, et d’avoir négligé le problème de l’application des normes. Pour lui, une justification complète d’une norme doit associer fondation et application. Il faut donc mettre les deux moments ensemble et non les dissocier. C’est le principe U qui diminue le gouffre, la norme et ses conséquences. Autrement dit, Habermas préconise la prise en compte des conséquences des normes. La question qu’on peut poser au moins Habermas c’est de savoir si il n’est pas conséquentialiste ?
En introduisant des considérations conséquentialiste, Habermas veut échapper à l’objection de Max Weber dans son ouvrage intitulé « Ethique de la conviction et de la responsabilité ».
Ethique de la responsabilité consiste à tenir compte de la conséquence. Max Weber propose d’associer l’éthique de la conviction à celle de la responsabilité. Dans une démarche conséquentialiste, une norme est valide parc quelle est maxime des effets de conséquence. Habermas n’est pas conséquentialiste pur, il est conséquentialiste moderne. Il n’ y a pas un gouffre entre le juste et le bien comme c’est le cas chez Kant.

L’ETHIQUE DE LA VERTU
Cette approche montre les limites d’une morale strictement déontologique. L’éthique renvoie le plus souvent à la morale des anciens. La notion du souverain bien peut être considérée comme une idée régulatrice (comme Dieu concepts de la raison qui ne sont pas l’objets d’une démonstration scientifique) et qu’on ne peut pas évacuer complètement de la morale. Ce qui caractérise l’éthique de la vertu fondamentalement c’est le rejet des morales qui reposent su des règles. Ce rejet vise l’utilitarisme de règles (où une règle peut être considérée comme norme si son adoption produit le meilleur état possible des choses chez ceux qui la pratiquent) et le déontologisme.
L’éthique de la vertu met l’accent sur le droit moral de l’agent. C'est-à-dire sur l’accomplissement de l’être humain, sur la manière dont un être peut réaliser une vie accomplie/ réussie. Donc, il s’agit de substituer à une conception impérative de la morale, une conception plutôt attractive. Car la vertu ici renvoie aux dispositions qui, dans l’agent moral lui permettent de réaliser son bien. Donc dans cette approche, c’est dans les dispositions qu’il faut enraciner les exigences de la moralité. Dispositions ici veut dire critères/ caractères.
Il faut donc qu’ils traduisent les dispositions de l’agent moral.
Dans l’histoire de la philosophie morale, c’est la philosophie d’Aristote qui est le modèle de l’éthique de la vertu. Mais on trouve cette expression assez forte de cette approche chez Nietzsche.
Les représentants contemporains de ce courant sont : Philippe Foot, dans son ouvrage Goodness and choice dit que l’obligation morale ne peut pas être catégorique. Par contre, le jugement moral doit dire comment les besoins propres aux hommes leur donnent les raisons d’agir. Pourquoi devons-nous agir moralement ? Il faut chercher dans les besoins de l’homme. Elizabeth A. dans son ouvrage « Moral modern philosophy », qui affirme que la philosophie morale doit débuter sa réflexion sur les notions psychologiques : l’intention, désir et le besoin. Donc pour elle, la philosophie morale doit débuter par une sorte de psychologie morale.
Alasdair Macintyre dans son ouvrage After virtue et aussi dans son ouvrage Whose justice, Whose rationality, on voit l’importance qu’il accorde aux vertus d’Aristote. Pour lui, les modernes ont échoué dans leur conception de la morale qui ne nous amène nulle part. Donc, il faut renouer avec celles des Anciens. Il avoue qu’en voulant récuser l’approche des Anciens, les modernes ont construit des morales disparates incohérentes. Il faut re-enraciner la morale dans la tradition des vertus de chaque communauté parce que c’est cette traditionnelle qui fournit à chaque individu des modèles d’indentification. Pour lui, le sujet moral universel est déraciné et par conséquent est un fantôme. Comment est-ce qu’on doit vivre ? Il faut chercher les réponses dans les valeurs, les vertus de ma communauté. L’approche libérale a des implications politiques car l’organisation de la cité doit tenir compte de ce qui fait l’identité réelle d’un sujet qui est sa communauté. L’approche libérale ne connaît le citoyen que comme dépouille de ses aspects culturels alors que l’approche de communautarisation est le contraire. : Telle est l’incidence politique.
Nietzsche (1844-1900) : Devenu fou à la fin de sa vie. Il est rangé parmi les trois grands philosophes du soupçon comme Max et lui. Ils mettent fondamentalement en critiques les systèmes sur lesquels reposent les principes des plus convenus de la morale, de l science… La critique de la modernité a été exprimée de manière très forte et même assumée de façon tragique par Nietzsche. Alasdair Macintyre lui rend hommage pour sa critique de la modernité. Nietzsche va culquer toutes les morales traditionnelles de façon récurrente et même obsessionnelle. C’est une aversion qu’il exprime avec la même obsession, avec la même… dans presque tous ses textes dont les principaux sont : généalogies de la morale ; par delà, le bien et le mal, le crépuscules des idoles. Ainsi parlait Zarathourian.
« Au fond je n’aime pas toutes ces morales qui disent que « ne fait pas telle chose, renonce, surmonte-toi ». Je ne veux pas tendre les yeux ouverts à mon appAURVRIment ; je n’aime pas les vertus négatives ; les vertus dont la négation et le renoncements sont l’essence ». Gai savoir, paragraphe 304. Nietzsche reproche aux morales traditionnelles leurs caractères nihilistes, des morales négatrices de la vie inhibitrice de vouloir vivre. C’est pourquoi Nietzsche les soumet à une démarche rigide, à ce qu’il a appelé « la philosophie à coup de marteau ». Nietzsche valorise une approche naturaliste et vitaliste de la morale. La morale doit dire ce qui est naturellement bon pour l’homme. Tous les biens ne le sont pas. Parce qu’ils promeuvent la vie considérée comme le seul bien et tous les autres biens ne le sont que par rapport à la vie. Pour Nietzsche la nie est volonté de puissance. La volonté de puissance s’incarne chez surhomme. L’homme qui crée ses propres valeurs, qui sait se situer par delà le bien et le mal, qui sait opérer une transmutation de valeur pour mettre en place de nouvelles valeurs.
Qu’est-ce qui est bon ? Tout ce qui exalte en l’homme le sentiment de puissance, la volonté de puissance même. Qu’est-ce qui est mauvais ? Tout ce qui vient de la faiblesse. Qu’est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croit ; qu’une résistance est en voie d’être surmontée ». Paragraphe 2.
La seule vie qui vaut la peine d’être vécue, c’est celle qui s’exprime comme puissance. Il faut faire un choix qui a la capacité de résister au temps donc de se reproduire. Le surhomme de Nietzsche ne fonctionne donc pas dans l’arbitraire mais l’éternel retour est donc le critère de validation de nos choix moraux. Donc, le surhomme de Nietzsche connaît ce que Jean Paul Sartre a appelé l’angoisse existentialiste.

IIIè Partie : La morale comme méta- éthique

La notion de la méta -éthique est relativement récente, apparu pour définir un certain type démarche en morale. La démarche courante en morale c’est l’éthique normative qui consiste en l’analyse des substances morales : bien, juste …etc. C’est l’approche classique veut que l’autonomie tous les idéaux qui peut contenir une notion.
Le méta éthique par contre, pose plutôt les questions suivantes :
1. Quelle est la signification analytique des concepts de la moralité ? Ici, ce n’est dans le cadre de la philosophie du langage où l’on s’applique sur la signification des termes. En science on se réoccupe beaucoup moins du contenu que des concepts. En morale, le méta éthique est la même chose.
2. La question épistémologique concernant la rationalité des valeurs. Les jugements moraux sont-ils susceptibles des vérités scientifiques ? Peut-on démontrer rationnellement qu’un jugement moral (par exemple interdiction de mentir) est valide ? Puis-je passer de l’ordre de la conviction à l’ordre de la démonstration rationnelle ? Dans cet axe épistémologique, les points les plus discutés concernent les rapports entre les faits et les jugements de valeur, entre l’être et le devoir être, entre les propositions descriptives et les propositions normatives ou prescriptives. Cette méthode méta –éthique s’est beaucoup plus développée dans le monde Anglo-Saxons où il eut un certain veut de scepticisme développé par l’empirisme logique qui ont conduit les auteurs à ne pas faire confiance aux contenus morales (dans l’empirisme, il est question qu’un énoncé corresponde avec les faits) mais seulement au contenu des concepts moraux.

JUGEMENTS DE VALEUR ET JUGEMENT DE FAITS

Du point de vue strictement ontologique, on distingue un ordre des faits et un ordre de valeurs. Le fait c’est par exemple : » les cours commencent à 8h00’. Ca c’est un fait ; car il suffit de constater…mais si je dis « les cours doivent commencer à 8h00’, alors là, c’est un jugement de valeur.




FAITS VALEURS


Jugements de faits Jugements de valeurs
Etre Devoir être
Enoncé descriptif descriptifs prescriptif ou normatif
Phusis (natif) nomos (loi, norme, convention)

Tout le problème épistémologique est de voir si il est logique et épistémologique permis de passer d’un jugement de fait à un jugement de valeur ? D’un ontique (ontologie qui l’étude de l’être) et déontique.

D’après certains auteurs, une telle dérivation est illégitime et illogique. David Hume dans le Traité de la nature humaine, dit avoir remarqué la fâcheuse propice chez les autres auteurs classiques à passer à la copule « is »(est) à « ought to »( doit) sans que rien ne justifie ce « ought to » ou « is » à « ought to ». Sa thèse est que ce sceau est illogique. Pour lui, la moralité ne relève pas de la raison. C’est simplement une affaire du feeling des passions. C’est comme si on passait d’un registre (celui de la raison qui déçut) au registre de la passion. Qu’est-ce qui établit ce fait ? C’est ce qu’on a d’ailleurs appelé « interdit humain ». C'est-à-dire de l’être au devoir être. On peut la formuler de la manière suivante : « une conclusion impérative ne peut pas être tirée de la résonance d’un raisonnement dont aucune prémisse n’est impérative ». Cf. Monique Canto Sperber, Philosophie morale.
D’autres auteurs établissent une dichotomie (…) du pont de vue de leur vérification. Dans les jugements de faits, il y a une procédure de vérification qui est empirique ; alors que du point de vue de jugements moraux, aucune procédure ne le permet. Nous avons par exemple Max Weber qui dit que les énoncés moraux sont subjectifs, conventionnels qui relèvent d’une décision. On est dans le registre du décisionnisme, relativisme et du conventionisme. On observe de fait qu’il y a une certaine discussion sur ses jugements moraux. Les objections qu’on peut apporter à ce scepticisme consistent à contester la légitimité entre faits et valeurs. Et encore, c’est de contester l’opposition entre jugements de faits et jugements de valeurs. En réalité, les descriptions des jugements de faits ne sont pas aussi neutres d’un point de vue normatif. Il y a des énoncés factuels qui comportent de jugements normatifs. Par exemple : Nous avons rendez-vous à 15h00’. Ceci dit implicitement que « Tu dois le respecter ». Donc, dans les actes du langage, décrire c’est en même temps prescrire. Il y a des descriptions qui sont par elles- mêmes des prescriptions.
Chez certains philosophes anciens la description du cosmos par exemple contient une invitation à vivre selon l’ordre de la nature. Même si on admet que les jugements de faits sont différents du jugement de valeur. On ne peut pas faire une coupure ontologique et épistémologique comme on le fait le plus souvent. Ceci empêcherait d’ailleurs toute communication. Donc, c’est l’opposition entre les deux types de jugements qu’on peut constater car une description peut être une prescription implicite. Les anciens construisaient la phusis (cosmos) pour avoir des repères normatifs. Ces repères posés, s’ils suffisaient de vivre selon la nature.

Karl Popper
Il est héritier de David Hume. Il a hérité du dualisme, fait valeur de Hume. Il partage l’interdit humien à savoir «on ne doit pas déduire les valeurs des faits ». En moral ce sont les lois de la liberté et non les lois de la nécessité car l’homme est un être humain libre.
Dans le domaine de la morale

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MORALE GENERALE (Personnal’s Research added)

1. Définition :
1) Nominale : Du latin mores= mœurs.
Ethique : du grec ethos= mœurs.
C’est la manière de se comporter liée aux coutumes.
Dans ces comportements on peut distinguer deux aspects :
*Ce que l’on fait.
*Ce qu’il faut faire

La morale c’est une science des mœurs. On constate les différentes sciences des mœurs au niveau des faits : Sociologie ethnologie,… Il y a aussi l’aspect de devoir ou d’impératif : ce qu’il faudrait faire selon les principes/ commandements / lois.

2. Définition essentielle :
La morale est la doctrine indiquant les faits que l’homme se pose et les moyens pour y parvenir.
La morale est la science de l’ensemble des prescriptions destinées à régler les conduites des hommes en vue de leur bien -être intégral.

3. Objet de la morale
Objet matérielle : comportements de l’homme, les actions et omissions.
Objet formel : La qualité morale et l’aspect du devoir/obligation (l’impératif) et
aussi la bonté ou la méchanceté mérite ou péché. La base notre réflexion (dans notre cœur) est l’aspect philosophique.
4. Les données de notre réflexion
1. Homme : Parce que sans l’homme, pas de morale, pas de bon ou mauvais.
L’homme est corps et âme. C’est un élément corporel et spirituel.
Grâce à cet élément spirituel l’homme est un être conscient de soi-même.
L’homme est libre. Il peut décider de soi même, de choisir, il n’est pas programmé. Il y a une différence fondamentale entre l’homme et l’animal.
Pour l’animal le stimulus provoque l’action et la réaction.
Pour l’homme avant l’action et la réaction il y a d’abord la réflexion.
L’homme a la liberté et il est doué de la volonté. Il est capable de décider pour une action en excluant une autre. Il peut dire « je veux ou je ne veux pas ».
L’homme est également un être sociable. Il est biologiquement lié à un autre homme dans ce sens qu’il est né de l’autre et doit vivre (apprendre au niveau de l’Esprit) avec l’autre. Par nature l’homme vit dans la communauté.

PROGRAMME

ANIMAL : Stimulus- Réaction
-Action

Homme : Stimulus –Réflexion-Réaction
.. -Action
Liberté
La conscience de l’homme est liée à l’intelligence.


2. Une évaluation (valorisation) morale spontanée. Ce qui convient ou ce qui ne convient pas.

3. La responsabilité : Situation au caractère de celui qui peut être appelé à un fait. Il faut qu’il soit conscient de ce qu’il fait et doit savoir pourquoi. Il y a aussi un phénomène de refus de la responsabilité (comme Adam et Eve dans la Gn). Il y a des personnalités exemplaires qui avaient des disciples et ont trouvé le chemin, les normes pour une vie humaine et qui ont indiqué le chemin aux autres (Abraham, Moise, Jésus,..)

4. La responsabilité exemplaire

Aspects moraux/ Dimension morale de l’homme

Juste/injuste ; bon/mauvais ; agréable/désagréable ; favorable/ défavorable ; profitable/ non profitable.
Nous devons faire une distinction entre le bon et le mauvais car on peut profiter en exploitant l’autre. Il ne suffit pas d’avoir ce qui est profitable.
L’animal n’est ni bon ni mauvais, car il fait indépendamment de la volonté. Il est programmé ainsi. Mais l’homme n’a pas un programme déterminé. Il peut agir librement et consciemment. Il a un programme mais il doit découvrir et réaliser librement. Ce qui est l’instinct chez l’animal devient un appel chez l’homme qu’il peut réaliser ou refuser par volonté par liberté= L’homme est un être moral. C’est un aspect de l’homme qui est lié à la réalisation de son être. Par sa liberté, l’homme doit se réaliser lui-même.



4 .L’IMPERATIF MORAL

Qu’est qu’il faut faire ? Pourquoi il faut faire ?

Dans le sens moral, il faut faire le bien et éviter le mal. Cette obligation, cette contrainte vient d’abord de l’éducation familiale.
Origine de cet impératif
Education : la maman, le papa diront : « il faut faire ceci et il ne faut pas faire cela ». C’est se qu’on appelle Béhaviourisme.
Expérience : Concrète liée à des raisons pratiques. La maman a vécu l’expérience et éduque l’enfant avec responsabilité et autorité des parents.
La tradition, les coutumes : avec des justifications : « C’était toujours comme ça ».
Subconscient / conscient (Cf. Freud) tout ce que nous expérimentons dans la jeunesse s’enfuit quelque part au fond de nous, de notre âme. Toutes ces impressions inconscientes agissent sur nous sans que nous prenions conscience de cela. Quelques fois cela peut revenir dans les rêves et les uns commencent à penser que ce sont des esprits mauvais alors que ce sont les impressions qui s’étaient enfuies dans le fondement (au fond) de notre âme.

Homme : liberté … pas déterminée
Animal : instinct… déterminé
Appel

Education des parents. Il faut faire ceci ou cela. Il ne faut pas faire ceci ou cela. L’enfant obéit sans question, ses explications. Cette théorie s’appelle en psychologie behaviorisme de walson. Pour les adultes il faut une valorisation. Les lois morales changent quelque fois par un stimulus qui pousse vers l’avant. Nous pouvons constater que à la profondeur de notre âme il y a un stimulus qui pousse à l’action. Freud appelle ce stimulus la libido.

L’homme aussi n’est pas épargné à la soumission de lois de la nature. Mais chez l’homme, à la place de cette lois nous parlons de la finalité ; une destination .L’homme est doué d’une liberté qui tend vers le bien. Aucun homme ne peut désirer être malheureux. La tendance de l’homme est d’être heureux. Il y a ceux qui cherchent le bonheur dans la vie active : postes administratives,... d’autres dans les boires, manger, le repos ; d’autres dans leur vie personnelle, bien être social et spirituel dans ses bonnes relations avec les autres.
C’est cette finalité que nous appelons « nature humaine ». Par cette nature, l’homme a une conscience morale : il faut faire le bien.
La tradition scholastique : St Thomas, théologien unit la foi avec la philosophie d’Aristote. Au commencement il y a Dieu Créateur de tout ce qui existe. Il a créée par sa sagesse créatrice et non par un hasard. Il voulait quelque chose. Il a donné à chaque chose selon sa nature un programme, une destination que philosophe appelle « essence/nature ».
La détermination, la loi de la nature pour les matières et les animaux deviennent chez l’homme : tendance, appel, finalité impératif.
L’impératif moral est l’expression de la tendance naturelle de l’homme vers le bien ; vers sa destinée, le bien absolu (Dieu) cet impératif est universel, dans toutes les cultures et époques.
L’homme participe à l’autre universel (selon les stoïciens). Dans une culture/époque on juge ceci comme bon / mauvais, mais dans une autre on juge le contraire ; c’est par la conscience morale ou une tendance vers quelque chose. La tendance est ouverte. Selon St Thomas, elle est dirigée vers le bien absolu et non déterminée vers un bien concret. Ainsi ce qui est jugé matériellement bon par une personne ou une coutume peut être changé selon le jugement de la conscience dans une situation concrète. Ces jugements de la conscience sont liés la tradition, coutumes qui les influencent par la formation, l’éducation, habitudes et par l’ensemble des données culturelles d’une époque donnée. Le jugement de la conscience morale : c’est une appréciation immédiate et quasi instinctif d’un jugements des valeurs porté sur l’action par son auteur. Ce jugement est lié à la volonté et à la raison d’une façon nette et conduit à la décision. Le jugement de conscience est aussi une implication de l’obligation que je sens « il faut faire ». L’homme est un être intelligent, conscient de ses actions. Car dans tout ce qu’il fait, l’homme doit savoir le pourquoi et les conséquences de ses actions.

MUNYANZIZA Pierre Célestin
Missionnaires des Sacrés Cœurs
de Jésus et de Marie
Emails :
cepimsscc@yahoo.fr
cepimsscc@hotmail.com
Site internet :
http://munyanziza.blogspot.com/


[1] Cf. Monique Canto Sperber, La philosophie morale, Paris, PUF, « Que sais-je ? » 2004, p.5

[2] Cf. Kant, la métaphysique des mœurs, Garnier- Flammarion, 1994 (Droit de la vertu).
[3] Platon, La République, Livre II, Paris, GF,
[4] A. Vergez et D. Huisman, Histoire des philosophes illustrée par les textes, Paris, Fernand Nathan, 1969, p.36.
[5] Monique Canto-Sperber, «Le bonheur », in Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, Sous la dir. Monique Canto-Sperber, Paris, PUF, 2001, p.169.
[6] J. Russ, Dictionnaire de la Philosophie, Paris, Bordas, 2004, p.42.
[7] cf. Idem.
[8] M. Canto-Sperber., Op. Cit., p.169.
[9] Ibid. p.171.
[10] Aristote, Ethique à Nicomaque, Paris, GF, 1992, p.21.
[11] Idem
[12] N. Baraquin – J. Laffite, de la philosophie, Paris, Armand Colin, 2000, p.36.
[13] . Vergez-D Huisman, Histoire des philosophes illustrée par les textes, Paris, Fernand Nathan, 1969, p. 46.
[14] Idem
[15] Ibid.
[16]Ibid.
2 Ibid. p.106
3 Ibid., 106-107.
4E. Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs, Paris, Delagrave, p.88.


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